
En bref :
Des scientifiques UCLouvain ont analysé les conséquences du culte de l’enfant, tant au sein des familles (parents) que des écoles (professeur·es). Les résultats sont publiés dans la revue scientifique Social Sciences
Les bénéfices : cette évolution des pratiques éducatives a amélioré les droits des enfants, avec une diminution notamment des violences à leur égard.
Les impacts négatifs : ce culte provoque de l’anxiété, du narcissisme et des problèmes physiques (obésité) chez les enfants, tandis qu’il induit de l’épuisement chez les parents. Il est également une menace pour nos sociétés démocratiques.
La solution ? Un équilibre entre bienveillance et cadre ferme : « il faut laisser les enfants respirer, les laisser vivre leurs expériences » selon Serge Dupont (UCLouvain) (...)
En 1889, on votait en Belgique la première loi interdisant le travail des enfants de moins de 12 ans et limitant le travail des jeunes de 12 à 16 ans à 12h/jour. 130 ans plus tard, on réfléchit à supprimer les devoirs scolaires et on interdit la fessée dans de nombreux pays européens. De toute évidence, l’enfant a changé de statut. Alors qu’il a été négligé voire méprisé pendant des siècles, il est de nos jours chéri et protégé. Ce phénomène, appelé le « culte de l’enfant » ou, poussé à son extrême, le phénomène de l’enfant roi 1, s’est concrétisé dans un ensemble de lois et d’accords internationaux visant à protéger l’intérêt supérieur des enfants. Il s’est également accompagné d’un changement des pratiques éducatives au sein de nombreuses familles et écoles : il s’agit aujourd’hui de respecter chacun de leurs besoins, d’être attentif à leur bien-être, de diminuer les exigences et de les protéger de tout éventuel danger. (...)
Les enfants objets de ce culte risquent en effet de pâtir de problèmes de santé mentale (symptômes dépressifs et anxiété) et physique 2 (risques d’obésité), de devenir plus narcissiques et moins matures et de développer moins de compétences cognitives. Les adultes risquent en outre de s’épuiser toujours plus dans leur volonté de se rapprocher des besoins et intérêts des enfants. Soulignons enfin que nos sociétés démocratiques sont également menacées par ce culte de l’enfant roi, dans la mesure où ces pratiques éducatives produisent des individus très éloignés d’un idéal de citoyenneté à la hauteur des enjeux politiques, économiques et écologiques qui affectent et affecteront notre monde. (...)
La solution ? L’idéal serait de trouver un nouvel équilibre dans l’éducation des enfants. Soit ne plus rester fixé sur les bénéfices à court terme (bien-être) mais également prendre en compte les perspectives à long terme en lien avec un idéal de citoyenneté à la hauteur des enjeux auxquels nous seront confrontés ; de considérer, outre les besoins des enfants, ceux des autres et du monde qui les entoure ; de combiner une discipline ferme et juste avec de la bienveillance ; et enfin de laisser les enfants respirer, vivre des expériences et surmonter des épreuves sans la présence parfois étouffante des parents.