L’autre jour, je m’agaçais de ce que le foutu chat ne cessait de se lécher abondamment le poitrail, avec ce petit bruit humide et discret qui finit pourtant par effriter la plus belle des concentrations. Zen est un beau chat de gouttière très banal, mais en même temps bien vigoureux, dans la force de l’âge et enfin en capacité de défendre un territoire qui excède de très loin nos limites administratives humaines. Il est parfois rentré de ses noctambulations le poil quelque peu ébouriffé, mais il revient au bercail tous les matins au moment où le jour pointe, du moins aussi longtemps que le froid ne le pousse pas à épouser durablement la forme de mes cuisses. Du petit chat malingre et sauvage que sa mère avait oublié dans notre cabanon de jardin, il ne reste à peu près rien. Il a choisi son logement et a l’air de beaucoup apprécier la serviabilité de sa domesticité humaine.
La blessure
Bref, je m’agaçais nettement moins quand je vis un peu de sang souiller l’impeccable blancheur de son poitrail. Je pensais à une tique éclatée et comme j’ai une réelle horreur générale pour tous les parasites suceurs de sang qui vivent aux dépens de leurs hôtes, j’appelai monsieur Monolecte à la rescousse.
Mon chat est un guerrier, mais il est d’une remarquable patience avec ses humains : il expose en toute confiance son abdomen à la demande et là, en fait de tique, on voit une sorte de petite plaie. (...)