
Le blé transgénique (HB4), censé palier les déficits hydriques et tolérant à un herbicide, gagne petit à petit des territoires. En Afrique du Sud, où son importation a été récemment autorisée, l’ONG African Center for Biodiversity (ACB) souligne, dans un rapport publié en mai 2023, que ce blé OGM a été mal évalué. Elle note aussi que le blé est un « outil » de géopolitique internationale, notamment depuis le début de la guerre russo-ukrainienne.
Il est rare qu’une plante transgénique destinée à la consommation humaine soit autorisée dans plusieurs pays rapidement. Généralement, les procédures sont longues et les pays réticents. Le premier blé transgénique, mis au point par Monsanto, n’a jamais été autorisé à la culture [1] et, globalement, ce sont principalement des plantes destinées aux mangeoires des animaux ou à des productions non alimentaires qui sont autorisées.
En moins de trois ans, le blé transgénique HB4, mis au point par Trigall, une joint-venture entre Florimond Desprez et Bioceres, a, lui, conquis plusieurs pays dans la plupart des continents. L’Afrique du Sud a donc rejoint le club des pays qui autorisent son importation (États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Colombie, Nigeria, Brésil et Indonésie). Deux pays peuvent le cultiver : l’Argentine et le Brésil.
Ce blé OGM est censé palier le déficit hydrique. Avec l’accentuation de ce phénomène, au niveau planétaire, les États sont avides de solutions technologiques, simples... Or, il est de plus en plus évident que la lutte contre le changement climatique passera par une remise en cause profonde et structurelle de l’agriculture conventionnelle, comme l’a souvent expliqué l’agronome Marc Dufumier [2]. (...)
manque d’évaluation toxicologique : « Aucune étude de toxicité alimentaire n’a été réalisée pour l’évaluation des risques, ni pour les autorités sud-africaines ni pour les autorités argentines ».
Deuxièmement, le blé, s’il n’est pas moulu, peut se ressemer. Une contamination potentielle existe donc (...)
Le troisième point est de nature géopolitique (...)
Deux chercheuses sud-africaines, dans un article publié dans The Conversation, soulignent également que « la dépendance de l’Afrique à l’égard des importations de blé russe influencera des décisions politiques et militaires clés. La dépendance de certains pays africains à l’égard du blé russe aurait pu influencer leur vote sur les deux résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies concernant l’invasion de l’Ukraine par la Russie » [4]. En effet, au cours de ces deux débats, de nombreux pays ont soutenu la Russie ou sont restés neutres afin, probablement, de ne pas « perturber les relations avec un bon fournisseur ». (...)
« Le pouvoir de la nourriture, et plus particulièrement du blé, a été largement négligé ».
Il est possible que la décision de l’Afrique du Sud soit simplement opportuniste, avec la guerre comme excuse. (...)
ACB rappelle enfin que ce blé a même suscité une vive condamnation de la part de 1 400 scientifiques du milieu de la recherche (...)
Les gouvernements ne devraient-ils pas développer une agriculture vivrière et non de rente (fleurs coupées au Kenya par exemple) ? (...)