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Futura-Sciences
Le Spillglop-250, un navire pour aspirer les marées noires
Article mis en ligne le 12 mai 2015
dernière modification le 5 mai 2015

En sillonnant une nappe de pétrole, le Spillglop peut littéralement l’aspirer, et ce même par gros temps. Au sein d’une gamme de navires dépollueurs réalisés par l’entreprise Ecocéane, ce nouveau bateau affiche des performances inédites.

La société bretonne Ecocéane, basée à Paimpol (Côtes d’Armor), a mis au point le Spillglop-250, un bateau capable d’aspirer une nappe de pétrole flottant à la surface de l’océan, en haute mer et par gros temps. « Le Spillglop est un faux monocoque de 25 m de long et de 7 m de large, détaille Robert Gastaldi, fondateur, bailleur de fonds et président du conseil de surveillance de la SAS Ecocéane. Il s’agit en fait d’un catamaran dont les deux coques sont reliées au-dessus et au-dessous. La proue s’ouvre pour laisser entrer l’eau à l’intérieur et, pour en capter davantage, deux mâchoires flottantes s’abaissent à l’avant ». Ainsi le Spillglop ratisse plus large et améliore ses capacités de nettoyage : jusqu’à 50.000 m2 par heure. La récupération peut aller jusqu’à 100 % des hydrocarbures flottants et ce même par vent de force 6 à 7.

« Le Spillglop-250 est l’unique bateau au monde à pouvoir travailler par ces conditions météorologiques, appuie Eric Vial, directeur d’Ecocéane. Les autres ne peuvent évoluer que par temps calme. C’est d’ailleurs la raison d’être de cette PME, savoir ramasser le pétrole en mer, alors que des catastrophes comme l’échouage de l’Amoco Cadiz ont démontré notre incapacité ». (...)

Ces navires dépolluent dans plusieurs pays du monde mais pas en Europe

Ecocéane a ainsi créé toute une gamme de « bateaux-aspirateurs » : le Cataglop, destiné au nettoyage portuaire des déchets solides et liquides, le Workglop, bateau de travail et de récupération des mêmes matériaux aux abords des plateformes pétrolières et dans les grands ports commerciaux et, enfin, le Spillglop, pour les marées noires en haute mer. Chacun de ces navires existe en plusieurs gabarits. Ecocéane a déjà vendu plus d’une centaine de bateaux du type Cataglop et deux du type Workglop. Le tout premier Spillglop-250 est parti à destination de Taïwan. Il a été lancé le 30 avril 2015 à La Rochelle en présence de plusieurs délégations internationales : Taïwan, Nigéria, Égypte, Angola, Qatar et Russie. À noter que ni la France ni aucun autre pays européen n’étaient présents à l’événement, ce qui a fait... tache.

« Nous sommes confrontés à un paradoxe administratif français, se désole Robert Gastaldi. Depuis 2009 et le tout premier prototype de Spillglop, nous sommes invités à des voyages avec le président de la République. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, nous a présentés au président de l’Angola. Le ministère de l’Écologie nous parraine mais nous ne sommes pas reconnus en France par les organismes chargés de la lutte contre les pollutions, le Cedre (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) et le Ceppol (Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution) ». Le Cedre a pourtant validé le Cataglop mais il n’en a pas fait autant pour le Spillglop et n’a dont rien transmis à l’Union européenne, en l’occurrence à l’European Maritime Safety Agency (EMSA), parce que son bassin d’essai serait trop petit pour l’accueillir, alors qu’il est basé sur la même technologie.

Le Cedre aurait toutefois conseillé à la société bretonne d’aller se présenter à l’Ohmsett, son homologue américain. Ce dernier a reconnu le concept comme unique au monde, ce qui a permis à Ecocéane de survivre. (...)