
Monsieur,
Après avoir reçu la citoyenneté russe par décision de Vladimir Poutine vous
avez écrit dans une lettre du 3 janvier reproduite par la chaine de télévision
Pervyi Kanal que la « Russie était une grande démocratie ». En ajoutant :
« j’aime bien la presse, mais c’est aussi très ennuyeux, car il y a trop souvent
une pensée unique. »
Sans doute avez-vous de meilleurs renseignements que nous sur la question.
En effet le SNJ-CGT, avec les syndicats de journalistes membres de la FEJ
(Fédération européenne des journalistes), appellent depuis des années à des
poursuites efficaces contre les meurtriers de leurs collègues russes qui,
justement, luttaient pour une information libre, indépendante et pluraliste.
Comme vous êtes l’ami du président de cette grande démocratie le SNJ-CGT
vous serait donc reconnaissant de bien vouloir intervenir auprès de lui pour
savoir où en sont réellement les enquêtes sur les assassinats de journalistes.
Plus de vingt confrères ont été tués en quelques années comme Igor
Domnikov, Artiom Borovik, Iskandar Khatloni, Sergueï Novikov, Natalia Skryl,
Magomedzagid Varisov, Kazbek Guekkiev, Khadjimourad Kamalov, Anna
Politkovskaïa ou encore Natalia Estemirova.
Nous vous serions également reconnaissant de lui demander pourquoi les
chaines de télévision sont entièrement à sa solde, pourquoi certains de nos
confrères sont emprisonnés et pourquoi des sites d’information sont
régulièrement importunés dès qu’ils rendent publiques des informations
dérangeantes pour votre ami et son entourage.
Compte tenu de vos (excellentes) relations avec M. Poutine, nul doute que ce
président, garant de la grande démocratie qu’il dirige, vous apportera les
réponses que nous attendons depuis de nombreuses années et que vous ne
manquerez pas de nous les transmettre avec diligence.
Nous vous prions de croire, Monsieur, en notre attachement à la démocratie.
Montreuil, le 5 janvier 2013
SNJ-CGT