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Les Nouvelles News
"Le Défenseur des Droits lutte contre les stéréotypes qui induisent les discriminations"
Article mis en ligne le 9 mars 2015

A l’occasion du colloque des Nouvelles NEWS sur « le sexe de la ville », rencontre avec Jacques Toubon, Défenseur des Droits.

Quel regard, en tant que Défenseur des Droits, et donc garant de la lutte contre les discriminations, portez vous sur cette question du « sexe de la ville » ?

Notre mission, c’est de faire en sorte que les discriminations disparaissent. Pas seulement de faire en sorte que les droits reconnus deviennent effectifs, mais aussi d’aller plus profondément. Car le droit, les institutions, comportent des éléments d’inégalités et de sexisme ancrés dans les mentalités. Nous avons la mission de lutter contre les préjugés, les stéréotypes. De détruire les bases qui induisent les situations de discrimination et d’inégalité. Il est clair que si on avance sur la destruction des stéréotypes, il n’y aura plus besoin de règles de droit. Parce qu’à ce moment là, la norme sociale ayant disparu, on ne sera pas obligé de lui opposéer une norme légale pour la briser. (...)

Les discriminations sexistes, c’est une thématique qui semble surtout liée au monde du travail, si on en croit les cas dont vous êtes saisis ?

Les deux premières raisons pour lesquelles nous sommes saisis, c’est le sentiment de discrimination par l’origine, et par le handicap. Après vient un bloc comprenant l’identité sexuelle, l’identité de genre, la situation de grossesse. Aujourd’hui - et c’est peut-être justement parce que les préjugés, les stéréotypes, sont extrêmement bien ancrés - nous ne recevons pas autant de réclamations liées au sexisme qu’on pourrait le supposer. Dans la mesure où l’inégalité de traitement selon les sexes reste l’inégalité majeure, c’est une évidence. Mais dans l’espace public, les discriminations ne sont pas forcément caractérisables juridiquement.

Au-delà de l’espace public, il faut aussi observer que les collectivités territoriales ne sont pas toujours exemplaires en tant qu’employeurs. Nous recevons un certain nombre de plaintes portées contre des administrations municipales.

Au-delà des cas particuliers dont nous sommes saisis, le Défenseur des Droits est une institution centrale pour récolter et diffuser les bonnes pratiques. Par exemple, comme certaines grandes villes le font désormais, décider que les nouveaux noms de rues doivent être paritaires. Ou encore agir en ce qui concerne les décisions en matière de transports. Elles sont encore trop souvent prises prioritairement en fonction de la voiture, et la voiture c’est les hommes. (...)

Ce qu’il faut faire, de manière générale, c’est mettre en œuvre dans les politiques publiques l’approche intégrée du genre, le « gender mainstreaming ». Compte tenu de la forte prévalence des inégalités femmes/hommes, le Défenseur des Droits doit être le propagandiste de l’approche intégrée.

Mais nous ne sommes pas les seuls. Dans le domaine de la ville les décisions politiques locales, l’urbanisme, ont un rôle plus important que nous. Dans beaucoup de domaines, il faut que la loi accompagne, voire précède, les changements de comportements. C’est alors la majorité parlementaire qu’il faut convaincre. Et bien entendu, avant tout cela, l’éducation joue un rôle primordial.