
Une centaine de personnes se sont réunies ce jeudi devant le Grand Théâtre de Bordeaux à l’appel du collectif « Un toit sans trêve », fédérant une quinzaine d’associations. Alors qu’approche la fin de la trêve des expulsions et du dispositif hivernal d’hébergement d’urgence, le 31 mars prochain, elles redoutent de voir des centaines de personnes jetées à la rue.
Ces organisations (parmi lesquelles Médecins du Monde, la Cimade, le Secours Catholique ou encore Ovale Citoyen) dénoncent « le non-respect des droits fondamentaux des plus précarisés », à commencer par le droit au logement et l’hébergement inconditionnel des personnes en situation de détresse.
Dans une lettre ouverte adressée à la préfecture de Gironde, elles s’inquiètent notamment de la fermeture des places hivernales d’hébergement d’urgence. (...)
Des « familles sans solution »
Par ailleurs, les associations veulent « mettre en lumière le sort des personnes vivant en bidonville sur notre territoire qui, en dépit de l’immense précarité dans laquelle elles se trouvent, ne font presque jamais appel au 115 et ne sont donc pas comptabilisées dans les besoins non couverts ». (...)
Selon les services de l’Etat, en Gironde, 1 125 personnes vivent en squat ou bidonville, et plusieurs d’entre eux seront expulsables à la fin du mois. Or « à ce jour, les pouvoirs publics n’ont présenté aucune solution pour reloger les familles concernées », déplore le collectif.
Ses représentants devaient être reçus à leur demande dans l’après-midi par Fabienne Buccio, nouvelle préfète de la Gironde et de la région Nouvelle-Aquitaine. Celle-ci est (défavorablement) connue de certaines associations venant en aide aux migrants pour sa gestion du démantèlement de la « jungle de Calais », lorsqu’elle était à la tête de la préfecture du Pas de Calais.
« Réquisitions citoyennes »
Les associations du #CollectifUnToitSansTrêve veulent lui faire des propositions : « pérenniser les places d’hébergement (fin de la gestion au thermomètre) ; surseoir à l’expulsion des squats et bidonvilles ; dépenser l’argent public dans la viabilisation de ces lieux plutôt que dans leur expulsion ; réquisitionner comme la loi l’y autorise les logements vacants (22473 logements sur la Métropole en 2015 selon l’INSEE) ».
Elles soulignent que « face à la démission de l’Etat dans ses missions d’hébergement et de logement, (…) de plus en plus de « lieux de vie alternatifs / réquisition citoyennes / squats solidaires » voient le jour », permettant la mise à l’abri de près de 500 personnes dans l’agglomération. Ce sujet sera au coeur d’un débat organisé par Rue89 Bordeaux dans le cadre de la programmation Bienvenue.