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Lanza del Vasto : non-violence rime avec décroissance
Article mis en ligne le 12 septembre 2014
dernière modification le 4 septembre 2014

Lanza del Vasto (1901-1981), disciple de Gandhi et fondateur du mouvement de l’Arche, a joué un rôle central pour la diffusion de la non-violence en France. Sa pensée et son action résonnent aujourd’hui avec le mouvement écologiste critique de la croissance et du développement. Rencontre avec Frédéric Rognon, auteur de Lanza del Vasto ou l’expérimentation communautaire.
Alternatives non-violentes : Vous avez publié en 2013 un livre sur Lanza del Vasto, « précurseur de la décroissance ».

(...)
Proudhon disait : « La propriété, c’est le vol ». Lanza del Vasto se propose d’oser franchir un pas de plus en proclamant : « La possession, c’est le meurtre. Le meurtre obligatoire qui s’appelle la guerre ». La propriété doit en effet être défendue, ce qui conduit nécessairement et inexorablement à la guerre. Celui qui voudra s’attaquer aux causes véritables de la guerre devra se saisir de cette question-là.

La guerre trouve donc son origine dans les structures mêmes de nos sociétés, dont l’apparence de paix est tout à fait illusoire : « On a coutume d’appeler guerre la guerre qui éclate et d’appeler paix la guerre qui se cache ». C’est pourquoi Lanza del Vasto refuse le pacifisme qui réclame la paix à tout prix : son objection s’adresse autant à la paix (guerre qui se cache) qu’à la guerre (guerre qui éclate) et les solutions qu’il proposera seront non-violentes plutôt que pacifistes.

La possession conduit non seulement à la guerre, mais la possession des uns conduit à la misère des autres : « La misère et l’opulence sont le revers et l’avers de la même monnaie ». Or la misère conduit à la révolte violente, autre fléau qui ne débouche que sur un accroissement de la misère. (...)

La suite de l’histoire jusqu’à aujourd’hui lui a hélas donné raison. Au milieu des « Trente Glorieuses », il n’hésitait pas à dire que « la croissance des pays modernes est incompatible avec la non-violence, avec la chrétienté, avec la vérité, avec la sagesse, avec l’amour, et même avec la survie ».

Il n’a connu ni Tchernobyl, ni Fukushima, ni les OGM, ni le changement climatique, ni les drones, ni le smog en Chine, ni les addictions aux Smartphones, mais il avait eu l’intuition de cette démence que l’on appelle aujourd’hui « l’effet Larsen » : pour résoudre les problèmes posés par la technique, on ne cherche que des solutions techniques, qui elles-mêmes poseront de nouveaux problèmes…

C’est pourquoi son plaidoyer en faveur d’une désescalade et son exemple d’une réhabilitation du travail des mains ne peuvent laisser indifférent celui qui cherche un peu de sagesse face à ce déferlement technologique. (...)