
Zineb Redouane est décédée après avoir reçu au visage un éclat de grenade lacrymogène lancée par des CRS le 1er décembre à Marseille, alors qu’elle fermait les volets de son appartement. Dans une lettre ouverte, Milfet Redouane, sa fille, répond au mépris d’Emmanuel Macron qui avait conseillé à Geneviève Legay, 73 ans, grièvement blessée dans une charge de CRS, une « forme de sagesse » en ne se rendant pas dans des manifestations interdites. « Ma mère Zineb Redouane, 80 ans, était bien chez elle au 4ème étage et malgré cela, elle a été atteinte par un tir de lacrymogène qui lui a coûté la vie. La vraie sagesse c’est d’interdire ces armes. »
« Le 2 avril nous [étions] à 4 mois du décès de Zineb Redouane, ma mère. Mais moi je suis restée au 2 décembre. Tous mes jours ont la même date. Le temps s’est arrêté pour moi à cette date. Ma mère est morte ce jour-là, et depuis c’est chaque jour que je meurs. Le silence me tue, l’ignorance de sa mort sur la scène médiatique et politique me tue, chaque déclaration irresponsable des responsables me tue et appuie très fort sur ma blessure, comme cette dernière déclaration que je viens de lire, du premier homme de France, ‘sous une forme de sagesse’ : “Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on se met pas dans des situations comme celle ci" !!!... (...)
Et puisque après chaque personne mutilée il y a une morale d’après les responsables, alors j’aimerais bien savoir la leçon de morale qu’on doit tirer de l’histoire de Zineb Redouane ?
Enfin, une grande pensée à Geneviève Legay et je lui dis que même si vous étiez restée chez vous, vous n’étiez pas à l’abri. Zineb Redouane en est une preuve, vous avez tous mes respects et tout mon soutien. »