
Pas de libération en vue pour la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, détenue dans une cellule surpeuplée de la prison d’Evin à Téhéran, et l’universitaire australo-britannique Kylie Moore-Gilbert, transférée dans un effroyable centre pour droits communs dans le désert.
Les nouvelles en provenance des prisons iraniennes sont rares et quand elles parviennent à Paris ou Londres, elles sont souvent mauvaises. C’est le cas pour l’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah, condamnée à cinq ans de prison, et dont les conditions de détention à la tristement célèbre prison d’Evin sont très difficiles. Elles le sont plus encore pour la jeune universitaire australo-britannique Kylie Moore-Gilbert, qui purge une peine de dix années de réclusion criminelle : elle vient d’être transférée d’Evin à la plus terrible des prisons pour femmes du pays, celle de Ghartchak, en plein désert au sud de la capitale. (...)
elle doit survivre dans une situation de prisonnière de droit commun et dans une promiscuité des plus difficiles puisqu’elle partage sa cellule avec une quarantaine d’autres détenues. D’où « de fortes tensions » et des risques de bagarre qui l’obligent à se tenir à l’écart et à vivre de façon très décalée par rapport à certaines prisonnières, notamment au moment des repas.
Heureusement, elle a pour camarades de cellule plusieurs militantes environnementalistes et, semble-t-il, l’avocate Nasrin Sotoudeh, personnalité d’une force morale extraordinaire, condamnée à 38 années et demie de prison et 148 coups de fouet, pour avoir défendu les femmes refusant de porter le voile.
« Même si elle s’attendait être condamnée, Fariba Adelkhah a accusé le coup lorsque le jugement a été prononcé et confirmé en appel, indique son ami, l’universitaire Jean-François Bayart, qui copréside le comité de soutien à la chercheuse. Heureusement, elle peut bénéficier d’une visite hebdomadaire de sa famille et de contacts téléphoniques avec elle. » Ce qui affecte aussi son moral, c’est le fait de n’avoir toujours pas eu, près de trois mois plus tard, la notification de sa condamnation par le tribunal, ni en première instance ni en appel, et pas davantage son avocat, ce qui rend impossible tout pourvoi en cassation. (...)
« La diplomatie française poursuit ses efforts, mais ses opportunités sont des plus maigres, ajoute Béatrice Hibou, directrice de recherche au CNRS et engagée aussi dans la campagne pour faire libérer Adelkhah. (...)
"le rapprochement spectaculaire entre Téhéran et Pékin déprécie davantage encore la position de négociation de Paris qui, par ailleurs, a plus à craindre qu’à espérer de l’action des États-Unis dans la région." (...)
Pour l’universitaire australo-britannique Kylie Moore-Gilbert, sa détention est devenue une véritable descente aux enfers. Après deux années passées à Evin dans la section 2A, qui est contrôlée par les gardiens de la révolution, elle a été secrètement transférée autour du 25 juillet dans la prison pour femmes de Ghartchak. Personne n’en a été averti, pas même son avocat.
En Iran, ce centre pénitentiaire pour droits communs est considéré comme l’un des pires du pays, notamment fait de son isolement et de sa surpopulation. (...)
« La pauvre qualité de l’alimentation, l’utilisation de drogues, et l’accès facile à des produits stupéfiants, le fait que les prisonnières atteintes de maladies contagieuses ne soient pas isolées et contaminent les autres, les viols et la négligence généralisée des autorités pénitentiaires sont parmi les problèmes de cette prison » (...)