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La tension monte entre la Pologne et la Biélorussie, 10 000 soldats polonais déployés à la frontière
#migrants #Pologne #Bielorussie
Article mis en ligne le 13 août 2023
dernière modification le 12 août 2023

Le ministre polonais de la Défense a annoncé jeudi l’envoi de 10 000 soldats à la frontière orientale avec la Biélorussie, dont 4 000 en appui direct à la police aux frontières. Cette annonce intervient à peine 24 heures après une première déclaration sur l’envoi de 2 000 soldats, signe de l’intensification des tensions entre Varsovie et Minsk.

(...) Parmi ces effectifs, "4 000 seront directement engagés dans des opérations d’appui à la police des frontières", a-t-il précisé à la radio publique polonaise, "et 6 000 autres en renfort". (...)

De 2 000 à 10 000 soldats : les annonces se succèdent

Mercredi 9 août, Maciej Wasik, vice-ministre de l’Intérieur, avait déjà déclaré que 2 000 soldats supplémentaires allaient être déployés dans cette zone frontalière. Et ce, dans les deux semaines à venir, en renfort des forces déjà existantes dans la région.

En début de semaine, les gardes-frontières polonais avaient demandé au gouvernement l’envoi de soldats. Ils ont été plus qu’entendus.

Le ministre de la Défense espère que le nouveau cap de 10 000 militaires sera "dissuasif" face à Minsk. Les craintes d’une provocation aux frontières de la Pologne se sont accrues, suite à l’arrivée de milliers de mercenaires du groupe russe Wagner sur le sol biélorusse. Deux hélicoptères biélorusses ont brièvement violé l’espace aérien polonais la semaine dernière. (...)

Mais certaines voix commencent à nuancer ce récit gouvernemental. Andrzej Kruczyński, expert polonais en sécurité et colonel à la retraite, a par exemple déclaré à la radio publique lituanienne LRT que la panique autour de Wagner était "absurde", suggérant que le parti au pouvoir utilisait le sentiment d’insécurité "à son avantage" en amont des élections parlementaires, qui se tiendront en octobre.

Celui-ci estime que les forces de Wagner "ne sont en aucun cas une menace pour nous. Il faut regarder la situation sereinement. Nous pouvons continuer à renforcer la frontière, mais pas pour [...] attiser des troubles", a-t-il soutenu.
Accusation d’instrumentalisation des migrants

Au-delà de la menace Wagner, Varsovie accuse également Minsk et Moscou d’orchestrer un nouvel afflux de migrants dans l’Union européenne afin de déstabiliser la région.

Selon les gardes-frontières polonais, 19 000 migrants ont tenté d’entrer en Pologne depuis le début de l’année, contre 16 000 pour toute l’année 2022. Au cours du mois dernier, plus de 4 000 migrants ont tenté de franchir la frontière polonaise, toujours selon le décompte des autorités. (...)

"La Russie et la Biélorussie augmentent la pression sur les frontières", a appuyé de son côté le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, lors d’une conférence de presse avec le président lituanien Gitanas Nauseda, le 3 août, rappelle l’AFP. "Nous devons être conscients que le nombre de ces provocations va augmenter."

Cette situation rappelle celle qui avait débuté à l’été 2021 lorsque des milliers d’exilés, principalement originaires du Moyen-Orient, avaient traversé ou tenté de traverser la frontière polonaise. Bruxelles et Varsovie avaient accusé le régime de Minsk d’orchestrer cet afflux avec son allié russe, ce que Minsk a toujours démenti.

En réponse, la Pologne avait fermé, pendant neuf mois, l’accès à la frontière aux non-résidents, y compris aux travailleurs humanitaires et aux médias. Elle y avait construit une barrière métallique équipée d’installations électroniques et approuvé une loi autorisant les refoulements des migrants, une pratique condamnée par des organisations et la justice internationales. (...)

Depuis cet été 2021, au moins 28 migrants sont morts dans la zone - côté polonais comme biélorusse - d’après un rapport de l’ONG polonaise Grupa Granica. "Dont 13 en 2022", précisait en janvier dernier l’une de ses autrices, Aleksandra Loboda, à InfoMigrants. "Mais il pourrait y en avoir plus, redoutait-elle, car avoir des informations fiables à cette frontière est difficile. Ce dont nous sommes sûrs en revanche, c’est que près de 200 personnes sont à ce jour portées disparues."