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« La société iranienne montre à l’Etat qu’elle n’est pas prête à jouer le jeu de la violence »
#iran #MahsaAmini #IranRevolution #repression #femmes
Article mis en ligne le 7 mars 2023
dernière modification le 6 mars 2023

Si la répression féroce du régime a éteint les manifestations insurrectionnelles de l’automne, les Iraniens n’ont pas abdiqué. Pour la chercheuse en anthropologie, leur refus radical du projet de République islamique s’affiche désormais par des gestes de résistance collectifs, et très souvent viraux.

(...) Si les manifestants ont quitté les rues ces derniers jours en Iran, la colère et la détermination ne semblent pas faiblir. Des femmes cheveux au vent à Téhéran, des ouvriers en grève à Ispahan, des graffitis sur les murs des villes rappelant les crimes du régime. Une large partie de la société iranienne semble définitivement en rupture avec des autorités qui s’enferrent entre répression politique et gestion économique désastreuse. Et la colère ne risque pas de retomber après les nombreuses intoxications au gaz qui ont été signalées dans des écoles de filles à travers le pays. Cela suffira-t-il à faire vaciller la République islamique de Khamenei qui tient le pays depuis quarante-quatre ans ? Pour Chowra Makaremi, anthropologue, chercheuse au CNRS, si ce régime s’est maintenu en fabricant du silence et de l’obéissance, la volonté de changement est aujourd’hui plus forte. Si forte que même la peur est apprivoisée. Tout juste sorties de prison, des femmes posent sans voile et crient « Femme, vie, liberté ».

Où en est la contestation contre la République islamique aujourd’hui ? (...)

Les Iraniens expriment une volonté claire de changer de régime, principalement à travers des actes de désobéissance furtifs. Cette demande, qui émane de la rue, a trouvé des formulations à un niveau politique. Une charte a été signée par vingt organisations syndicales et de la société civile en Iran, exprimant une demande démocratique forte avec l’organisation d’élections libres, la séparation de la religion et l’Etat, l’égalité des salaires homme-femme. Des revendications sociales et progressistes, dont la reconnaissance des minorités ethnico-nationales et des identités de genre.

C’est une première construction d’une voix commune dans une société où toute forme d’organisation est une ligne rouge : dès que la contestation se structure, la répression se met en marche et les Iraniens le savent bien. (...)