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« La sécurité est la première des libertés » : pour en finir avec une antienne réactionnaire
Anne-Laure Maduraud est magistrate.
Article mis en ligne le 3 septembre 2020

Ils l’ont dit, textuellement ou en substance, d’Alain Peyrefitte à Emmanuel Macron, en passant par Jean-Pierre Chevènement, Christian Estrosi, Nicolas Sarkozy, Manuel Valls, une affiche de campagne du Front national ou encore Gérard Collomb : « La sécurité est la première des libertés ». Un éphémère garde des Sceaux en a même fait « le premier droit de l’homme »…

Des juristes se sont attelés à dénoncer l’aberration que constitue une telle affirmation.

Il n’est pas inutile de rappeler pourquoi.

1. Si le terme « sécurité » apparaît bien dans un texte de valeur constitutionnelle, il ne désigne aucunement une sorte de droit à ne pas être victime d’une agression physique ou d’une atteinte à ses biens et le seul endroit où il est employé dans le « bloc de constitutionnalité », c’est dans l’article 11 du préambule de la Constitution de 1946 :« Elle [la Nation] garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs (…) ».
Dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, sans portée juridique contraignante mais engageant tout de même la France, la sécurité n’est à nouveau conçue que sous l’angle de l’attribution de droits économiques et sociaux.

2. Le droit à la « sûreté » consacré par l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, et défini en son article 7, est à l’antipode du droit à la sécurité tel qu’entendu dans le slogan démagogique en vogue