
Dans le Sud-Est, le démantèlement du service public postal bat son plein. Sauf qu’à Saint-Paul-lez-Durance, la résistance s’organise, depuis le 20 février dernier, autour de personnages hauts en couleur. Reportage au cœur d’un village gaulois dans toute sa splendeur.
En ce jeudi 23 avril, alors que la froideur de la nuit jette ses dernières piqûres, une petite équipe de reporters de CQFD s’ébroue pour covoiturer en direction de Saint-Paul-lez-Durance. Ce village de 900 habitants, sis entre Sainte-Victoire, Luberon, Verdon et… le centre du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Cadarache, va être, en effet, le théâtre de la première opération escargot de son histoire. L’objectif de ce branle-bas de combat, qui mobilisera une centaine de personnes, est de bloquer, dès potron-minet, l’entrée des techniciens et ingénieurs dans le centre de Cadarache. La raison de la colère ? La direction régionale de La Poste veut en finir avec le bureau postal saint-paulais qui continue, envers et contre toutes les restructurations, à lui résister.
Fin février donc, Jean-Luc, le postier qui assure les permanences au bureau de Saint-Paul – d’ores et déjà réduites à deux heures chaque matin du lundi au samedi –, alerte la petite communauté villageoise de la fermeture dudit bureau, programmée pour juin, et son remplacement par une agence postale communale. Cette nouvelle structure serait synonyme de dégradation du service rendu aux usagers et constituerait la dernière étape avant le passage au relais postal chez un commerçant [1]. Dans la foulée d’un premier rassemblement, une pétition est lancée [2], un calendrier d’actions à mener toutes les trois semaines est établi et une association de défense du service public postal est constituée. Autour de la table de la boulangerie de Saint-Paul transformée en QG de la contestation, alors que le soleil vient de se lever, Jean-Luc prend la parole : « On s’est vite rendu compte que c’est l’ensemble du territoire qui risquait de faire les frais de cette stratégie de la Poste à l’occasion de débats publics organisés à Jouques, Peyrolles, Vinon… Partout les habitants s’inquiétaient de ce désengagement des services publics annonciateur de désertification rurale accélérée. »
Comme prévu, à 7 heures 30 pétantes, le cortège s’ébranle. (...)