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Attac France
La promesse des biens communs
/Les possibles/JM Harribey
Article mis en ligne le 23 novembre 2013
dernière modification le 21 novembre 2013

Pendant que les politiques restent immuables, engoncées qu’elles sont dans la défense des intérêts d’une classe de privilégiés, le monde change.

Il change d’abord sous l’influence de la logique propre au capitalisme aujourd’hui mondialisé et conduit par des puissances financières qui ont porté l’exigence de rentabilité du capital jusqu’à un point inégalé. Restructuration permanente du capital financier et renforcement de l’exploitation de la force de travail sont alors les deux faces d’une même réalité : celle qui structure l’organisation du travail, le mode de production des richesses et leur répartition.

Le monde change aussi parce que le foisonnement de nouvelles techniques laisse entrevoir la possibilité de manipulations biologiques et génétiques susceptibles de faire franchir une marche de plus à la fuite en avant productiviste et scientiste, malgré les dangers déjà avérés d’un mode de développement économique fondé sur l’utilisation massive de ressources rares, dont les limites apparaissent aujourd’hui. Peu à peu, se dévoile l’illusion que l’humanité aurait du temps pour s’adapter aux bouleversements provoqués par le réchauffement climatique : celui-ci risque de se produire beaucoup plus vite que prévu, dans un emballement de réactions en chaîne. Dans le même temps, des promesses fortes de l’idéologie capitaliste, comme l’épanouissement personnel et la démocratie, révèlent de manière de plus en plus patente leurs contradictions avec la logique généralisée du profit. Ainsi, le déploiement mondial du capital contribue à produire de plus en plus des subjectivités frustrées et blessées, tandis que les bien relatifs acquis démocratiques reculent là où des luttes sociales et politiques les avaient inscrits hier.

Le monde se transforme enfin parce que les rapports de force géopolitiques se modifient rapidement, et cela d’autant plus que la crise du système exacerbe les tensions inhérentes à un marché livré au jeu de la concurrence prétendument non faussée.

Cette crise, qui vient de bien plus loin que de l’entourloupe des subprime américains, est la marque d’un modèle qui arrive à la fin de son cycle et donc de sa capacité à « enchanter » le monde.

Fin de cycle car le mythe de l’accumulation infinie est en train de s’évanouir en même temps que se raréfie ou se dégrade la base matérielle de la croissance économique.

Fin de cycle aussi, car les programmes d’ajustement structurel au Sud et les politiques d’austérité au Nord, notamment en Europe, ne peuvent qu’intensifier les causes mêmes qui ont mené à la crise.

La voie capitaliste à la crise capitaliste est une voie sans issue, qu’elle se nomme croissance verte qui ferait cohabiter une moitié d’activités destructrices et une autre moitié d’activités réparatrices, ou économie de la connaissance qui ferait de cette dernière un nouveau « capital », ou économie pseudo-dématérialisée qui cantonnerait la fabrication des marchandises dans le pôle le plus pauvre du monde, dont les classes dirigeantes sont peu regardantes sur les conditions de mise en œuvre.

Il faut donc chercher ailleurs l’issue, si l’on entend poursuivre cahin-caha l’aventure humaine. (...)

Et si cette issue n’est encore qu’en filigrane, elle n’en est pas moins possible. Les résistances des peuples et des individus l’attestent, de mouvements sociaux en résistances subjectives moins visibles. Les expériences alternatives en dessinent la trame.

Résistances à l’oppression des dictatures, résistances aux atteintes aux droits sociaux, résistances aux licenciements, résistances à l’accaparement des terres ou des ressources, résistances au pouvoir des banques, etc.


Expériences de gestion directe
d’entreprises ou de quartiers, expériences de pratiques agricoles biologiques et relocalisées, expériences monétaires locales, et même expériences de régulation monétaire étatique hors de portée de la finance mondiale. Et aussi combats pour l’égalité entre les femmes et les hommes, combats pour les mêmes droits indépendamment de la couleur de la peau, de la religion ou de l’orientation sexuelle.

Comment penser la pratique du changement social ? (...)