
quelques mètres où des enfants noirs de crasse se promènent pieds nus malgré le froid. Les cabanes sont faites de bois et de carton, abris dérisoires qui ne protègent ni du froid ni de l’eau s’infiltrant par le sol les jours de pluie. Dans un coin, quelques morceaux de poulet cuisent sur un réchaud de fortune autour duquel les enfants tentent de trouver un peu de chaleur. Le vacarme des milliers de véhicules qui empruntent chaque jour le périphérique lyonnais est assourdissant.
Une expulsion illégale
Jeudi 21 novembre 2013, plusieurs policiers du commissariat de Villeurbanne accompagnés par un traducteur roumain se présentent sur place et ordonnent aux familles de quitter les lieux. « Vous ne pouvez pas rester ici, vous devez partir » ordonnent-ils. Mensonges.
Le Conseil Général, propriétaire des lieux a assigné les familles au tribunal le 18 novembre. La décision est mise en délibéré jusqu’au 9 décembre. D’un point de vue juridique, rien ne s’oppose donc à ce que les familles qui occupent cet endroit s’y maintiennent au moins jusqu’au 9 décembre. Ensuite, c’est le juge qui décide et donne des délais, ou pas.
La police est donc totalement hors la loi en procédant à cette expulsion. Comme très souvent lorsqu’il s’agit des Roms.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. (...)
Ce n’est pas la première fois que la police, sur ordre de la préfecture, joue ainsi au Lego avec les familles Roms et les entasse les unes sur les autres au mépris de leur sécurité. Une façon de les regrouper, de les parquer, de mieux les contrôler.
Le 28 août 2012 environ 150 Roms qui viennent d’être expulsés du campement de Saint-Priest sont accompagnés par la police dans un autre campement, celui de Saint-Fons. Saint-Carenco, le Préfet du Rhône veille particulièrement sur les Roms ce jour là, à sa manière. Craignant l’arrivée de nouveaux occupants, la police municipale est sur place et bloque l’accès. Un rapport de police rapporte les événements. Ils sont pour le moins surprenants.
Dans un premier temps, la police municipale tombe sur des policiers qui parlent un peu trop : « Nous prenons contact avec les équipages de police nationale. Ils ont reçu pour instruction d’accompagner les Roms expulsés…, ils nous parlent d’un arrêté préfectoral, ensuite d’une décision préfectorale autorisant l’installation des Roms qu’ils escortaient par mesure de sécurité… ». Hallucinant. Voilà que le préfet réquisitionne un terrain pour y installer un campement insalubre…
Rapidement, un officier va donner la version officielle, plus politiquement correcte. (...)
Dans quelques jours ou quelques semaines, la préfecture ne manquera pas de souligner les conditions de vie abominables des familles. Elle dira que les gens sont entassés les uns sur les autres et que cela pose des problèmes de sécurité, qu’il n’y a ni eau ni électricité, que les immondices s’accumulent. Elle dira qu’en France, il est insupportable que des personnes vivent dans de telles conditions de misère. Et puis les mêmes policiers qui ont forcé les familles à venir vivre ici et qui ont eux-mêmes créé les conditions d’une expulsion viendront avec grand plaisir jeter toutes les familles à la rue, y compris les enfants pieds-nus qu’ils disaient vouloir protéger. C’est sournois, c’est hypocrite, c’est vicieux, bref, en un mot, c’est socialiste. C’est une violation des traités européens et internationaux, c’est une violation de la circulaire inter-ministérielle du 26 août 2012 signée par Valls lui-même, c’est une preuve de plus de la politique raciste et discriminatoire à l’encontre de la plus grande minorité ethnique d’Europe.(...)
On aimerait que le racisme du gouvernement socialiste qui expulse, pourchasse, traque et maintenant entasse des familles entières dans des lieux dangereux soit aussi dénoncé. Comment peut-on s’offusquer du racisme contre madame Taubira et dans le même temps approuver celui de monsieur Valls qui est poursuivi pour incitation à la haine raciale contre les Roms ? Il y a quelque chose qui m’échappe. (...)