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Ouest-France
La nomination d’un philosophe chrétien à la tête du Conseil national des programmes fait débat
Article mis en ligne le 17 février 2022

Ancien conseiller de Raymond Barre, François Fillon et Xavier Darcos, Mark Sherringham prône un retour au christianisme dans les questions éducatives. La FSU, principal syndicat de l’Éducation nationale, exprime sa « vive inquiétude ».

Une instance politique

Indépendant sur le papier, le Conseil supérieur des programmes est en fait un organisme hautement politique. En septembre 2017, son président, le géographe Michel Lussault, ancien militant socialiste, avait démissionné avec fracas, quelques mois après la nomination de Jean-Michel Blanquer, estimant que celui-ci avait "franchi des limites" ​en remettant en cause "de façon brutale et unilatérale des évolutions qui avaient longuement été discutées pendant les années précédentes"​. (...)

Son successeur, la philosophe Souâd Ayada était, elle, complètement en phase avec la ligne politique de Jean-Michel Blanquer basée sur le retour aux savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter. Récemment nommée directrice du nouvel Institut français d’islamologie, elle a eu le temps de jeter un pavé dans la mare en remettant en cause l’enseignement moral et civique en classes de 5e, 4e et 3e, estimant notamment disproportionnée la place prise par l’étude des discriminations.

Philosophe chrétien

La nomination de Mark Sherringham annonce-t-elle une nouvelle inflexion, à droite ? Ancien conseiller de Raymond Barre, de François Fillon, puis de Xavier Darcos, Mark Sherringham a été doyen de l’inspection générale de philosophie (comme Souad Ayada), avant d’être détaché pendant huit ans au service culturel de l’ambassade de France aux États-Unis. Plus récemment, c’est lui qui a été à l’initiative des nouvelles classes préparatoires au professorat des écoles.

Sur le papier, le nouveau président du Conseil supérieur des programmes a le profil pour occuper le poste. Mais ses détracteurs rappellent ses prises de position passées en faveur d’un retour au christianisme dans les questions éducatives. (...)

"L’école laïque française est l’héritière de l’École chrétienne"​, disait-il encore en 2009 dans la revue Familles chrétienne. (...)

C’est une nomination qui provoque des remous. Par un arrêté du 9 février, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Banquer a nommé le philosophe Mark Sherringham, président du Conseil supérieur des programmes. Cette instance créée en 2013 est chargée, notamment, de faire des propositions sur le contenu du "socle commun de connaissances et de compétences et de culture" ​que les élèves sont censés acquérir durant leur scolarité. À ce titre, elle oriente les programmes scolaires, en veillant à "leur cohérence"​.
Une instance politique

Indépendant sur le papier, le Conseil supérieur des programmes est en fait un organisme hautement politique. En septembre 2017, son président, le géographe Michel Lussault, ancien militant socialiste, avait démissionné avec fracas, quelques mois après la nomination de Jean-Michel Blanquer, estimant que celui-ci avait "franchi des limites" ​en remettant en cause "de façon brutale et unilatérale des évolutions qui avaient longuement été discutées pendant les années précédentes"​.
[Mark Sherringham est le nouveau président du Conseil supérieur des programmes.]
Mark Sherringham est le nouveau président du Conseil supérieur des programmes. | DR

Son successeur, la philosophe Souâd Ayada était, elle, complètement en phase avec la ligne politique de Jean-Michel Blanquer basée sur le retour aux savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter. Récemment nommée directrice du nouvel Institut français d’islamologie, elle a eu le temps de jeter un pavé dans la mare en remettant en cause l’enseignement moral et civique en classes de 5e, 4e et 3e, estimant notamment disproportionnée la place prise par l’étude des discriminations.
Philosophe chrétien

La nomination de Mark Sherringham annonce-t-elle une nouvelle inflexion, à droite ? Ancien conseiller de Raymond Barre, de François Fillon, puis de Xavier Darcos, Mark Sherringham a été doyen de l’inspection générale de philosophie (comme Souad Ayada), avant d’être détaché pendant huit ans au service culturel de l’ambassade de France aux États-Unis. Plus récemment, c’est lui qui a été à l’initiative des nouvelles classes préparatoires au professorat des écoles.

Sur le papier, le nouveau président du Conseil supérieur des programmes a le profil pour occuper le poste. Mais ses détracteurs rappellent ses prises de position passées en faveur d’un retour au christianisme dans les questions éducatives. "Si l’on devait un moment faire abstraction des principes, des contenus, des méthodes et des institutions que le christianisme a directement proposés et développés en France et en Europe, depuis deux mille ans, notre système éducatif actuel serait vidé d’une bonne partie de sa substance"​, écrivait-il en 2001 dans son livre Christianisme et éducation. "L’école laïque française est l’héritière de l’École chrétienne"​, disait-il encore en 2009 dans la revue Familles chrétienne.

La FSU exprime sa « vive inquiétude » (...)

"Dans un contexte où associations et syndicats appellent au retour d’une instance indépendante, capable d’élaborer des programmes pérennes et de transcender les conflits idéologiques, le choix d’une personnalité si peu acquise aux valeurs essentielles de l’école publique et laïque relève d’un intolérable mépris et d’une ultime provocation."