
La marine française enquête sur des allégations selon lesquelles des marines masqués, qui n’étaient pas en service, se sont attaqués à des émeutiers dans la ville de Lorient, à l’ouest du pays, où se trouve une importante base militaire, lors des troubles nationaux de la semaine dernière.
Le journal local Le Télégramme a publié des photos de groupes de soi-disant "anti-émeutiers" qui portaient des cagoules et des masques alors qu’ils appréhendaient et frappaient des personnes soupçonnées d’être des fauteurs de troubles dans la ville vendredi soir.
Le journal Ouest France a également publié une interview d’un homme de 25 ans qui a déclaré être membre des forces armées et être intervenu pour soutenir la police avec une trentaine de collègues afin de "ne pas laisser le pays brûler".
L’unité navale Forfusco, basée à Lorient, a "ouvert une enquête qui est en cours. Dans l’attente des résultats, il n’y aura pas d’autre commentaire", a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué transmis à l’AFP.
Le maire de Lorient, Fabrice Loher, a déclaré à l’AFP qu’il n’était pas en mesure de confirmer ce qui s’était passé, mais qu’il avait "vu des gens masqués. Nous avons pensé qu’il s’agissait d’émeutiers".
"Ce qui est important pour moi, c’est ce que dit la Forfusco", a déclaré le maire, ajoutant qu’il s’inquiétait de l’impact de l’incident sur la réputation de sa ville.
Le procureur de Lorient, Stéphane Kellenberger, a déclaré mercredi qu’aucune enquête n’était en cours en l’absence de plainte légale ou "d’élément concret ou objectif" pour la justifier.
Un officier de police anonyme cité par Le Télégramme le week-end dernier a déclaré que les officiers avaient d’abord laissé les "anti-émeutes" intervenir "parce que cela nous aidait" avant de se rendre compte "qu’ils y allaient un peu trop fort".
Le journal citait un témoin affirmant que les hommes se décrivaient comme des "patriotes".
La Forfusco est composée de fusiliers marins et de commandos des forces spéciales, selon le site web du ministère de la défense.
Plus de 3 500 personnes ont été arrêtées en France au cours de la semaine dernière, dans ce qui constitue les pires violences urbaines du pays depuis 2005. Ces violences ont été déclenchées par la mort d’un adolescent d’origine nord-africaine abattu par la police lors d’un contrôle routier dans l’ouest de Paris.
Les troubles se sont étendus à des dizaines d’autres localités et ont donné lieu à un débat amer sur le racisme au sein des forces de sécurité et sur les inégalités dans la société. .