Cette année l’hiver grec s’annonce encore plus rude qu’avant. Il est vrai que nous comptons déjà nos morts et nos mourants au cœur même du corps social car ils ne sont plus, et ceci longtemps, ces êtres habituellement déclassés vers les marges des lieux communs. La cadence du choc alors s’accélère. Pour certains la fin est brutale. Tel Tassos Doupis alors âgé de 28 ans, il était monté à Athènes depuis son village du Péloponnèse pour rendre visite à son beau père hospitalisé.
Mardi 19 novembre au soir, il accompagna un camarade au restaurant où avait travaillé une amie de ce dernier. Le restaurateur n’ayant toujours pas versé le salaire dû à la jeune femme, les deux hommes crurent bon lui demander... certains comptes. C’est... ainsi que le vigile engagé par le patron de l’établissement a tabassé Tassos à mort, lequel à été tué pratiquement sur le coup. Le restaurateur ainsi que son... commis mortel ont été mis en état d’arrestation. (...)
le désespoir de ce chômeur a atteint les limites de l’insoutenable : “Nous avons vendu tout, nos meubles, nos appareils électriques et tout ce que nous possédions chez nous. Il ne nous reste plus rien. Nous ne pouvons plus vivre. Par conséquent, je vends mon rein. Pour moi ce n’est pas si grave, je peux alors vivre qu’avec un seul rein. Je dois offrir un minimum de survie à ma famille...” La Grèce et sa survie, la Troïka et son Antonis Samaras, cité à la dérive alors si bien organisée. (...)
Et chaque jour davantage, je rencontre des gens tristes mais à la conscience qui se réveille. “Antonis Samaras gouverne à la tête d’un gouvernement d’assassins économiques, inféodés aux financiers rapaces internationaux ainsi qu’à Berlin”, martèle de son côté Yorgos Trangas le journaliste issue de la vieille droite centriste, en commentant la rencontre du jour à Berlin entre Samaras et Angela Merkel, c’était lors de son émission du vendredi 22 novembre sur la radio Real-FM et c’est l’émission la mieux suivie à Athènes en ce moment. Signe des temps ? (...)
. Le ministère de la Santé a annoncé vendredi 22 novembre la mise en disponibilité de 150 médecins et soignants de l’hôpital psychiatrique athénien à Dafni, et de 80 autres membres du personnel de l’hôpital psychiatrique de Thessalonique. Le personnel est sous le choc. C’est la quasi impossibilité pour ces deux établissements historiques que de poursuivre leur mission, une presque fermeture. Tristesse, colère et assemblées générales d’urgence. D’où la blague du jour : “Adonis Georgiadis ferme les hôpitaux psychiatriques du pays pour échapper à sa propre hospitalisation”, sauf que nous n’avons plus envie d’en rire.
Notre ordinaire se décompose et avec lui c’est toute une partie de notre sociabilité qui vole en éclats.(...)