Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
La justice s’acharne sur la Confédération paysanne. Un paysan assume : « Voilà pourquoi j’ai démonté les Mille vaches »
Article mis en ligne le 12 décembre 2014

Pour la quatrième fois, le porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, est convoqué devant la gendarmerie, ce vendredi à La Roche Molière (Haute-Loire). Il est poursuivi pour... une vitre cassée.

Cet archarnement vise à casser la résistance à l’industrialisation de l’agriculture. Un paysan qui a lui aussi été condamné pour avoir démonté la salle de traite de la ferme-usine des Mille vaches, Olivier Lainé, s’explique.

Olivier Lainé a été condamné à quatre mois de prison avec sursis, le 28 octobre par le tribunal d’Amiens. Même scénario pour les huit autres militants qui écopent de peines allant de 2 à 5 mois de sursis, accompagnés pour certains d’une amende de 300 euros. Olivier Lainé était accusé de dégradation lorsqu’avec une cinquantaine de personnes, il a démonté des pièces de la salle de traite de la ferme-usine des mille vaches, le 28 mai dernier.

Pour s’opposer à la ferme-usine des Mille vaches, implantée à Drucat et Buigny, près d’Abbeville dans la Somme, des membres du syndicat agricole de la Confédération paysanne ont démonté des pièces de traite pour les emmener au ministre de l’Agriculture, Stéphane le Foll. Olivier Lainé était de la partie, il était dans le box des accusés.

Olivier est agriculteur en Seine-Maritime depuis 1982. À 57 ans, il cultive des céréales, des pommes sur une soixantaine d’hectares et fabrique du cidre. À quelques jours de son passage au tribunal, il parlait d’un ton calme et posé de son engagement au sein de la Confédération paysanne. (...)

Les vaches vont non seulement produire du lait mais leurs déjections seront utilisées pour produire du méthane. Ce sont les deux piliers du modèle économique de l’exploitation. Un modèle auquel s’opposent les associations de riverains, de défense du bien-être animal et la Confédération paysanne.

Elles ont mené plusieurs actions depuis 2011, date de validation de l’enquête publique. Le procès de mardi concerne une action de démontage, le 28 mai dernier.

« On connaît les dégâts de l’agro-industrie depuis longtemps, il suffit de regarder les usines à cochons en Bretagne avec les algues vertes, la pollution de l’eau, des nappes phréatiques et puis il y a le côté sanitaire. »

Olivier explique que « plus il y a d’animaux, plus les maladies et épidémies risquent de se développer, du coup, on met des antibiotiques quasiment tous les jours dans la bouffe des animaux et ce n’est pas sans risque pour les humains. Aller démonter des pièces de la salle de traite est un symbole pour s’opposer à ce modèle industriel. » (...)

« On a démonté ça avec des outils, on n’a rien cassé ; il s’agit d’un acte symbolique », affirme l’agriculteur inculpé. Néanmoins, il a dû passer une nuit en garde à vue, un moment pénible « mais pas si terrible que ça. » Il a été arrêté avec quatre autre personnes, toutes membres du syndicat, dont son porte-parole, Laurent Pinatel. « J’ai été arrêté, mais ça aurait pu être n’importe qui d’autre. » Même s’il était seul dans sa cellule durant la garde à vue, la présence des militants à l’extérieur est un véritable soutien. « Je ne savais pas qu’il y avait des gens à l’extérieur, dans la rue, pour moi. Dans la soirée, je suis sorti et je les entendu crier ! Ouaou !, ça fait chaud au cœur. »

Au regard de la peine à laquelle il est condamné, il observe : « Il y a deux poids, deux mesures ; c’est flagrant. D’un côté il y a notre action, des délits mineurs et des condamnations. Et puis, de l’autre, il y a l’enquête qui piétine sur la FDSEA qui a mis le feu à la Mutuelle sociale des agriculteurs (MSA) et au centre des impôts dans le Finistère, fin septembre. Là ce sont de vrais délits, incendie et atteinte aux symboles de la solidarité. » (...)