
Après une nuit au poste, le porte-parole de l’association Droit au logement, a tenu mercredi soir une conférence de presse place de la Bastille, à Paris. Il a profité de cette médiatisation inespérée pour pousser le son sur les questions de logement, inexistantes dans la campagne.
Il est arrivé juché sur un grand vélo noir, aussi grand que lui, et sous les applaudissements de la foule rassemblée pour une conférence de presse improvisée ce mercredi soir, place de la Bastille, à Paris. Un peu gêné d’être ainsi au centre de l’attention, mais en même temps reconnaissant à la police de lui avoir offert une tribune pour parler du logement, ou plutôt de ceux qui en sont privés. « Un toit, c’est un droit » : devant les barnums du campement où 220 familles « oubliées du Dalo » (pour droit au logement opposable) se relaient depuis le 5 mars, date du 15e anniversaire de la loi, Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole de l’association Droit au logement (DAL), a raconté ses mésaventures avec la police. (...)
« J’avoue que ça ne m’a pas blessé », a ironisé Eyraud, réfutant cependant toute provocation : « Je sais me tenir en face des forces de l’ordre ». Dans un communiqué mercredi matin, l’association s’est insurgée contre cette interpellation qu’elle a qualifiée de « musclée », dénonçant une « répression violente contre les familles “Oubliées du Dalo” ».
« Cette arrestation violente lors d’une manifestation pacifique de femmes, d’hommes et d’enfants est une nouvelle attaque contre les mal-logés et leurs soutiens », a tempêté l’association. L‘interpellation de Jean-Baptiste Eyraud a provoqué de nombreuses réactions, notamment sur Twitter, de Ian Brossat, l’adjoint (PCF) au Logement de la mairie de Paris, à Emmanuelle Cosse, la présidente de l’Union sociale pour l’habitat et ancienne ministre du Logement, qui a estimé que « rien ne justifie une telle violence [contre un militant qui], depuis trente ans, sans violence, défend la cause des mal-logés ».
« La loi est violée, comme les droits des locataires »
« Je vais bien », a assuré Jean-Baptiste Eyraud, reconnaissant cependant avoir eu « peur » quand un policier l’a immobilisé avec son genou, alors qu’il était allongé sur le ventre : « J’avais du mal à respirer et j’ai pensé à tous ceux qui ont perdu la vie à cause de cette violence. » Il a annoncé son intention de porter plainte pour « violences volontaires en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique » et « entrave à la liberté de manifester ». « Manifestement, la préfecture nous en veut », a ironisé le porte-parole, rappelant que Didier Lallement, le préfet de police de Paris, avait saisi la justice à deux reprises pour contrecarrer les actions du collectif, à chaque fois sans succès.
L’Etat est également en faute car il n’applique pas la loi Dalo comme il est censé le faire, en logeant dans les six mois les ménages reconnus prioritaires, a estimé le militant. Rien qu’en Ile-de-France, 65 000 ménages reconnus comme tels attendent toujours d’être relogés, et parfois depuis « des années » ; ils sont 210 000 au niveau national. (...)