
Mise en place d’une mission d’évaluation, opérations de forage différées… Le gouvernement semble avoir pris acte de l’opposition croissante à l’exploitation des gaz de schiste, menée par les associations environnementales et des élus. Une première victoire qui ne plaît pas aux entreprises concernées, qui commencent à perdre patience. Malgré ce moratoire, les mobilisations citoyennes se multiplient. L’opposition ne cesse de croître en France contre l’exploitation des gaz de schiste.
(...) Le 17 février, les présidents des cinq régions [1] concernées par les permis d’exploration ont demandé leur annulation, soutenus par l’Association des Régions de France (ARF). Selon eux, c’est « dans une profonde opacité » et avec une « absence totale d’information aux élus locaux » que les permis ont été délivrés par l’ancien ministre de l’Écologie, Jean-Louis Borloo. Ces permis d’exploration, sur une surface totale de 10.000 km² dans le sud de la France, ont été accordés en mars 2010 au groupe Total, à l’entreprise américaine Schuepbach Energy LLC alliée à GDF Suez, et au groupe suisse Mouvoil [2]. D’autres permis ont depuis été délivrés (voir la carte établie par le laboratoire Géosciences Montpellier).(...)
Deux jours plus tôt, les députés Pierre Morel-A-L’Huissier (UMP) et Pascal Terrasse (PS) ont annoncé la création d’un « comité de surveillance et de précaution sur le gaz de schiste », pour regrouper l’ensemble des députés « soucieux de contrôler l’exploitation industrielle du gaz de schiste ». (...)
Total avait prévu de commencer les forages d’exploration début 2012. Et, selon Le Figaro, le pétrolier estime « à la louche » que la zone d’exploration pourrait contenir jusqu’à 2.380 milliards de m3 de gaz… Soit 10 à 20 fois la consommation annuelle de gaz en France. Mais face à la contestation grandissante, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, et Éric Besson, ministre de l’Énergie, ont annoncé le 2 février la suspension des travaux d’exploration et le lancement d’une mission d’évaluation sur les gaz de schiste(...)
Si le gouvernement a pour le moment tenté d’apaiser les critiques par un moratoire de quelques mois, les tensions ne semblent pas prêtes à diminuer entre industriels et opposants aux gaz de schiste. (...)