
C’est une scène dont les détails, quatre ans après, demeurent obscurs, et que la justice s’apprête peut-être à éclairer d’un jour nouveau. L’« affaire Adama Traoré », du nom du jeune homme de 24 ans décédé à la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise) en 2016 à la suite d’une interpellation musclée, arrive jeudi 30 janvier devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. Les magistrats doivent décider si une reconstitution des faits s’impose dans ce dossier hors normes, qui a conduit à la création d’un collectif très actif dans les banlieues.
La demande émanant de l’avocat des parties civiles, Me Yassine Bouzrou, avait été rejetée en avril 2019 par les deux juges d’instruction chargées du dossier. Mais en un an, le climat a changé sur la question des violences policières. Après la mort de Cédric Chouviat, le livreur de 42 ans décédé le 5 janvier à la suite d’un contrôle routier qui a dégénéré à Paris, la polémique sur le plaquage ventral, cette technique de contention employée par les forces de l’ordre, a repris de l’ampleur.
Les proches d’Adama Traoré restent persuadés que sa mort est liée à une interpellation de ce type par trois gendarmes, qui auraient provoqué une asphyxie positionnelle. Ces derniers, s’ils reconnaissent avoir pesé à trois sur lui, réfutent tout lien entre leur intervention à Beaumont-sur-Oise, ce 19 juillet 2016, et le décès du jeune homme, quelques minutes plus tard, sur le sol de la gendarmerie de Persan. (...)
La procureure générale près la cour d’appel de Paris a rendu, en juillet 2019, un réquisitoire favorable à la tenue de cette reconstitution, ce qui reviendrait à forcer la main aux juges d’instruction. L’inspection générale de la gendarmerie nationale avait elle-même plaidé, dès 2016, pour cette solution. (...)