
Jocelyne Porcher articule son propos autour d’une rupture : celle entre " l’élevage " et les " productions animales ". " L’élevage, dit-elle, est une relation de travail aux animaux qui a dix mille ans (…), alors que les productions animales ont cent cinquante ans et représentent l’un des rejetons les plus cupides et les plus malfaisants du capitalisme industriel " 1. Le cadre est donné, et pour comprendre la dénonciation de cette rupture, il est nécessaire de comprendre le point de vue qu’aborde l’auteur.
Pour Jocelyne Porcher, les animaux d’élevages " travaillent ". C’est-à-dire qu’ils participent pleinement au processus d’élevage. Ils en sont acteurs, et de leur participation (voire leur collaboration) dépendra la qualité du travail, donc l’accomplissement d’eux-mêmes et de l’éleveur. Dans une relation régit par une sorte de contrat entre eux et l’éleveur, les animaux sont logés, nourris, soignés, protégés des prédateurs et vivent une vie sociale (relation avec les congénères, avec les humains, avec la nature et les différents éléments de leur environnement), en échange de quoi ils fournissent leur lait, leur viande, leur peau. En un mot, leur vie.
L’auteur souligne à plusieurs reprises que le lien qui unit animaux et éleveur est indispensable à la réalisation même du travail d’élevage. Elle accuse la " zootechnie " (terme inventé au XIXème siècle) de ne pas avoir pensé ce lien. (...)