Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
"La bonne nouvelle est que le peuple est en train de se réveiller"
Article mis en ligne le 21 mai 2014

Une autre politique climatique peut-elle sauver l’Europe ? La croissance va-t-elle revenir ? Un nouveau mouvement politique peut-il remplacer un PS en effondrement moral ? Rencontre avec Pierre Larrouturou, après José Bové, Corinne Lepage, et Jean-Luc Mélenchon.

Pierre Larrouturou - Pendant trente ans, l’Europe était un espace de coopération et de justice sociale. Et puis il y a eu un tournant, qu’on a appelé la révolution néo-libérale les débuts des années 1980. Depuis trente ans, au lieu d’avoir une coopération et une justice sociale, la concurrence a été érigée comme un dogme fondamental au-dessus de tout le reste. Cela amène une précarité terrible, à la violence sociale, à la violence contre la planète. L’Europe n’est plus fidèle aux valeurs des pères fondateurs.
En quoi est-elle différente de la conception originelle ?
La première volonté était de mettre le charbon et l’acier en dehors des mains des capitalistes et de faire une union politique en commençant par des choses concrètes. il y avait des règles sur le charbon et l’acier, sur le salaire minimum, sur le fonctionnement économique. Et quand un pays dévaluait sa monnaie, il y avait un montant compensatoire agricole qui évitait qu’il y ait un avantage compétitif lié à cette dévaluation. Aujourd’hui, le traité transatlantique dont François Hollande veut accélérer la négociation est le contraire des valeurs de ceux qui ont créé l’Union européenne. (...)
Les choses peuvent changer, notamment en Allemagne. Dans ce pays, il n’y a jamais eu de référendum depuis la fin du système nazi, parce qu’ils ont peur de donner la parole au peuple. Et là, le philosophe Jurgen Habermas a lancé l’idée, et droite et gauche sont d’accord pour dire qu’il faut une révolution démocratique en Europe et qu’il faudra donner la parole au peuple allemand.
Sur quel sujet ?
Un nouveau traité pour une Europe plus démocratique. On parle en Allemagne et en Italie d’un référendum pan-européen le même jour dans huit ou neuf pays. Mais en France, les élites ont tellement peur de la question européenne qu’on n’en parle pas ! Et nous, à Nouvelle Donne, on dit qu’il faut aussi un traité de convergence sociale.
Quand les Allemands parlent d’un traité, est-ce pour revenir sur le traité de Lisbonne ?
Ils se rendent compte que l’Europe est paralysée, que les peuples n’en peuvent plus. Tous les mois, il y a des grèves dans les hôpitaux à Berlin. Les retraités allemands, espagnols, italiens n’en peuvent plus de l’austérité. Les esprits évoluent (...)
On n’a jamais dit que la zone euro allait exposer. Par contre le peuple grec souffre de façon scandaleuse, les peuple portugais et espagnol souffrent de façon scandaleuse. Le FMI vient de sortir un rapport qui dit que si il n’y avait pas les frais financiers, la Grèce serait en équilibre budgétaire. Donc on continue d’imposer une austérité sur l’accès à la santé, à l’éducation, aux services publics.
Pour payer les banques ?
C’est totalement scandaleux : les banques peuvent se financer à 1% auprès de la Banque Centrale et imposent à la Grèce des taux d’intérêt à 7 %. (...)

La bonne nouvelle est que le peuple est en train de se réveiller. II y a une colère qui monte contre les élites et c’est une colère justifiée. Il y a aussi l’envie joyeuse de se retrouver comme une famille, une joie de se dire qu’on peut construire quleque chose, qu’il n’est pas trop tard. Si on veut être à la hauteur de nos responsabilités, il faut essayer d’avoir un rassemblement le plus large possible. (...)