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le monde diplomatique
La bagarre de l’hectare. Flambée des prix du foncier agricole
Article mis en ligne le 24 juillet 2019
dernière modification le 23 juillet 2019

Le désengagement de l’État en milieu rural et le dévoiement de ses outils de régulation se manifestent par l’inflation des prix des terres cultivables. En abandonnant au marché cette ressource limitée et non reproductible, les pouvoirs publics entravent l’installation de jeunes exploitants et fragilisent la profession agricole, qui peine à assurer son renouvellement générationnel.

un constat simple : « Le prix des terres n’a cessé d’augmenter. Le prix du lait, non ! À 43 centimes d’euro le litre, je ne vois pas comment on peut acheter 9 000 euros l’hectare. Il n’y a aucune rentabilité. » M. Philippe Boyer, le maire du village, prédit un avenir qui renvoie à l’époque féodale : « Le foncier agricole va sortir des mains des agriculteurs. Ils ne seront plus propriétaires. »

Au cours des vingt dernières années, le coût de la terre a doublé en France. La moyenne du prix des « terres et prés libres non bâtis » atteint 5 990 euros l’hectare. Mais cette vision globale ne reflète pas les sommets rencontrés dans les régions attractives (17 300 euros l’hectare dans les Bouches-du-Rhône) ni la baisse qui affecte les régions d’élevage (2 490 euros l’hectare en Haute-Saône, soit 4,2 % de moins qu’en 2017). À Solliès-Pont, dans le Var, à vingt kilomètres de la côte méditerranéenne, la culture du figuier appartient à une tradition. Chaque dernier week-end d’août, une fête populaire rassemble plusieurs milliers de personnes autour de la bourjassotte noire, avec sa robe violette et une pulpe rouge sucrée qui ravit les palais. L’envers du décor ? Une parcelle de figuiers se vend entre 55 000 et 70 000 euros l’hectare. Les prix atteignent même 147 300 euros l’hectare en moyenne dans les vignes d’appellation d’origine protégée.

Comment expliquer une telle inflation ? Tourisme et construction de résidences secondaires, étalement urbain des métropoles, agrandissement du réseau de transport, l’artificialisation gagne plus de cinquante mille hectares de terres chaque année. Et tout ce qui rend le foncier agricole plus rare fait croître son prix. (...)