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La Plaine : une « zone à défendre » au coeur de Marseille résiste à la mairie et aux promoteurs immobiliers
Article mis en ligne le 17 octobre 2018

Sous prétexte de « rénovation », la mairie de Marseille a lancé tronçonneuses et engins de chantier, escortés des forces de l’ordre, à l’assaut de La Plaine. Objectif : transformer ce quartier au coeur de de la cité, qui accueille pourtant un marché populaire, des espaces de jeux et de sortie prisés des habitants, toutes classes sociales et générations confondues, en zone « attractive ». Comprenez : sans ses habitants pauvres et son ambiance un peu trop « populo ». Mais la municipalité est tombée sur un os : la résistance des habitants organisés en assemblée populaire. Récit de la naissance de cette « zone à défendre » urbaine.

« Touchez pas à la Plaine ! » entend-on depuis une semaine, la plupart du temps dans un brouillard de lacrymogène, dans le centre de Marseille. La Plaine, c’est un quartier symbole d’une certaine résilience marseillaise à l’aménagement bureaucratique et anti-pauvre. (...)

Aux manettes, une équipe municipale décidée à réaliser au forceps leur idée du Grand Marseille, de laquelle les populations les plus pauvres sont exclues. L’objectif est simple, plusieurs fois claironnée : la « montée en gamme ». Le projet veut, comme le vantait la ville dans un document pour la concertation publique organisée en 2011, « créer des surfaces de commerce, d’activité et de services pour renforcer l’attractivité économique et touristique » de la cité phocéenne, « restaurer la chalandise dans un centre-ville apaisé, animé et convivial », et vise pour les espaces publics une « meilleure gestion » dans le sens de « maintenance, propreté, sécurité ». Cet aménagement du centre-ville a toutes les chances d’éloigner les populations pauvres pour leur substituer des portefeuilles mieux garnis, qu’il s’agisse de cadres sup’ ou de touristes. La Plaine, avec son ancrage populaire, devait donc tomber. Mais depuis que les travaux ont commencé, la grogne ne cesse de monter. La détermination des opposants s’élargit au quartier entier. (...)

Des barricades de fortune pour empêcher l’avancée des travaux
Jeudi 11 octobre, dès la fin du dernier marché, les opposants bloquent le camion qui transporte les plots en béton censés inaugurer les travaux. (...) À 18h, le travail patiemment réalisé par les terrassiers et leur escorte policière se conclut par... un réinvestissement populaire de la place. En un jeu de tir à la corde, une cinquantaine de personnes déplace en moins d’une heure les énormes plots : la Place est libérée.

Lors de l’assemblée du quartier qui se tient le soir-même, Anouk, enseignante, réclame l’utilisation de l’argent des travaux pour la réfection des écoles de la ville (lire notre enquête : Plus de 30 écoles offertes aux géants du BTP : le plan à un milliard d’euros de la mairie de Marseille). (...)