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La Méditerranée subit l’effondrement de sa biodiversité
Article mis en ligne le 21 juin 2021

Un rapport de grande ampleur alerte sur l’« effondrement » de la biodiversité du bassin méditerranéen : 20 % des populations de vertébrés ont subi une perte entre 1993 et 2016, notamment en raison de la surpêche, du changement climatique et de l’urbanisation.

La biodiversité méditerranéenne est en danger, constate une équipe de scientifiques coordonnée par la Tour du Valat, l’institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes. Dans un rapport publié lundi 7 juin, l’institut alerte sur l’« effondrement » de la biodiversité du bassin méditerranéen entre 1993 et 2016. Les populations de vertébrés ont en effet baissé de 20 % dans l’ensemble du bassin. Dans le détail, 28 % des écosystèmes d’eau douce sont menacés. Et le chiffre monte à 52 % pour les écosystèmes marins pélagiques et côtiers.

De plus, parmi plus de 7 000 espèces de plantes et animaux évaluées par la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 20 % sont en voie d’extinction dans le bassin méditerranéen. C’est le cas par exemple du thon rouge (Thunnus thynnus), dont la population a baissé de 90 % depuis 1993. Malgré tout, le rapport indique que depuis l’imposition de quotas stricts de pêche, sa population recommence à augmenter peu à peu. (...)

Surpêche, changement climatique et urbanisation

La Méditerranée, une des régions au monde comprenant le plus grand nombre d’espèces endémiques, est aujourd’hui bordée de régions très urbanisées, qui concentrent plus de 500 millions d’habitants et 360 millions de touristes par an (27 % du tourisme mondial). Et la pression humaine pourrait encore augmenter dans les années à venir (...)

Le changement climatique est également l’une des causes de perte de biodiversité. Avec l’assèchement de certaines rivières, les fluctuations des niveaux de l’eau et la hausse des températures, les écosystèmes d’eau douce ont chuté de 28 %. (...)

Quelques signaux encourageants

Les scientifiques observent malgré tout quelques indices encourageants. Plusieurs espèces ont en effet été sauvées de l’extinction « notamment grâce à un meilleur encadrement de la chasse et de la pêche et la création d’aires protégées ». L’interdiction des pesticides organochlorés a par exemple permis de faire remonter les effectifs de faucons pèlerins (Falco peregrinus). De 122 couples dans les années 1970, il y en a aujourd’hui plus de 1 600. « Il ne faut pas crier victoire trop vite, la tendance générale reste au déclin de la biodiversité », tempère Thomas Galewski.

Pour enrayer — ou du moins infléchir — la baisse de la biodiversité, il appelle d’abord à continuer les actions de conservation et à restaurer les écosystèmes dégradés grâce à des « solutions fondées sur la nature » : restaurer un milieu naturel permet de recréer un habitat pour les écosystèmes, mais est aussi bénéfique pour les êtres humains. (...)

Par ailleurs, le coordinateur du rapport recommande de s’attaquer « aux causes profondes du déclin des espèces » que sont « les modèles socioéconomiques non durables » d’agriculture et de consommation. (...)