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Ligue des Droits de l’Homme
La LDH soutient le film “Une histoire à soi” d’Amandine Gay
Sortie en salle le 23 juin 2021
Article mis en ligne le 27 mai 2021

Après son magnifique documentaire Ouvrir la voix, que nous avons aussi soutenu, Amandine Gay, dans ce nouvel opus, donne la parole à cinq personnes (trois femmes et deux hommes), entre 25 et 52 ans, issues des quatre coins du monde, qui partagent un même vécu : celui d’une adoption internationale.

Exceptée Anne-Charlotte, d’origine australienne et élevée en Suisse, Justine, Mathieu, Nicolas-Niyongira et Céline viennent de pays pauvres ou de classes sociales défavorisées, à des milliers de kilomètres des familles françaises qui les ont adopté-e-s : Corée du Sud, Nord-Est du Brésil, Rwanda, Sri-Lanka.

En voix off, sur des images — photos, extraits de films familiaux, dessins — qui dressent le tableau de leur vie, tour à tour, à cœur ouvert et sans tabou, les unes et les uns égrènent en plusieurs épisodes, leurs souvenirs, leurs ressentis, leurs interrogations, leurs malaises, et parfois leurs révoltes. Par ailleurs, la réalisatrice ouvre et rythme son film par des archives souvent grinçantes, dont la majorité glorifie l’adoption, contrepoints mordants aux propos de ses personnages. L’ensemble est accompagné par une superbe bande-son.

Les filles ont été adoptées très tôt. Mathieu n’a quitté le Brésil que vers un an, après des séjours dans différentes crèches, qui ont fait naître en lui un profond sentiment d’abandon. Nicolas-Niyongira, du Rwanda, confié la plupart du temps à un orphelinat, déçu de n’avoir plus de nouvelles de ses parents et pressentant le drame à venir, a demandé à être adopté à 7 ans et demi.

Les familles adoptives sont aimantes, chaleureuses, généreuses, mais les parents de Justine, de Corée, ne réagissent pas comme elle le souhaitait aux propos racistes qui la giflent ; Nicolas n’ose confier aux siens son espoir qu’ils fassent venir sa famille et, dans un premier temps, cache son désespoir quand éclate la guerre au Rwanda ; Mathieu, obsédé par sa mère biologique, craint, quand ses parents envisagent un voyage au Brésil, qu’ils l’y abandonnent ; Anne-Charlotte n’a rien su de sa mère australienne, venue accoucher en Suisse pour l’y laisser, car conçue hors mariage. Lors de leur adolescence, les garçons pètent les plombs, mais la réaction de leurs parents est à la mesure de leur engagement. (...)

toutes et tous peuvent, enfin, revisiter leur parcours, écrire “une histoire à soi”…

Par le biais de ses personnages profonds, très attachants, ce beau film évoque avec délicatesse les interrogations liées à l’adoption internationale et les unes, les uns et les autres semblent donner des éléments de réponse : l’adoption devrait être plus transparente, les deux familles plus connectées ; elle ne devrait pas exister de manière “internationale”, car c’est un trop grand déracinement, voire une déportation ; les parents adoptifs devraient faire en sorte que leurs enfants puissent s’exprimer en totale liberté, sans avoir peur de leur faire mal ; les adopté-e-s ont un rôle à jouer pour lutter contre le sort réservé, parfois, aux mères célibataires…

Autant de thèmes qui, avec d’autres, peuvent donner lieu à des débats passionnants.