
La Confédération paysanne écrit à Xavier Beulin, le patron de la FNSEA, soulignant son efficacité à promouvoir l’agriculture productiviste et sans paysans
Cher Xavier,
Tu as donc décidé de venir passer un dimanche à Paris, dans les quartiers chics, pour parler d’élevage. Puisque nous sommes allés dans les quartiers populaires avec la Ferme à Paris, il fallait bien équilibrer la balance. Nous avons pourtant de la difficulté à saisir ton intention.
En effet, tu dis vouloir sauver l’élevage et nous sommes satisfaits que tu relayes, de fait, « Sauvons l’élevage », la campagne que nous menons depuis près d’un an. Néanmoins, nous aimerions aussi que les revendications que tu portes habituellement aillent dans ce sens.
Tu soutiens les choix politiques qui favorisent la disparition des paysans, et en premier lieu des éleveurs. Il faut d’ailleurs rendre hommage à ton efficacité dans la défense de ce système d’agriculture productiviste, qui pousse à l’agrandissement des exploitations, au détriment des plus petites, sources d’emploi et de vie des territoires.(...)
Il faut se rendre à l’évidence : tu dis vouloir faire de l’élevage une cause nationale, mais tu défends un modèle qui élimine les éleveurs. C’est d’ailleurs bien ce qui est apparu quand tu as soutenu l’exclusion d’une majorité d’entre eux de l’aide à l’engraissement des jeunes bovins.
Ce modèle ne peut pas faire de l’agriculture « une chance pour la France » [1] comme tu le revendiques. La chance pour la France, confrontée à de graves problèmes d’emplois, serait de contribuer à l’installation de paysans nombreux, là où tu pousse vers toujours plus d’agrandissement et de concentration qui créent des exploitations très difficiles à reprendre.
(...)