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Mediapart
La Chine fait face à une vague de protestations inédites contre les mesures anti-Covid
#Chine
Article mis en ligne le 27 novembre 2022
dernière modification le 26 novembre 2022

(...) Pour la première fois depuis le déclenchement de la pandémie il y a plus de deux ans, des manifestations contre la politique « zéro Covid » ont eu lieu dans toute la Chine, défiant le régime de Xi Jinping, le numéro un chinois au pouvoir depuis dix ans et qui vient d’entamer un troisième mandat à la tête du Parti communiste chinois (PCC). Elles ont été déclenchées par un incendie qui a fait dix morts jeudi soir à Urumqi, capitale de la province du Xinjiang (Nord-Ouest), dans un immeuble résidentiel.

(...)
Puis des habitant·es d’Urumqi ont bravé le froid pour défiler dans la rue et réclamer la fin du confinement aux cris de « Jiefeng, jiefeng ! » (« Déconfinez, déconfinez ! »). Lors d’une conférence de presse, les responsables de la ville avaient tenté de justifier la lenteur des secours en rejetant la faute sur les victimes. « La capacité de certains résidents à se sauver eux-mêmes était trop faible », a même déclaré Li Wensheng, chef du service des incendies d’Urumqi.

Le mouvement de protestation a touché également de nombreuses universités du pays, de Shanghai à Pékin (ici à l’Université de Pékin (Beida)), en passant par Nankin, une quarantaine selon certains décomptes sur les réseaux sociaux. Beaucoup se rassemblent pour rendre hommage aux victimes de l’incendie en chantant L’Internationale, prenant à contrepied le Parti communiste chinois. Ou bien en criant des slogans comme « Reposez en paix, vive le peuple ! ». (...)

Samedi, les autorités d’Urumqi, ville de quatre millions d’habitant·es sous confinement depuis 100 jours, ont finalement annoncé, lors d’une conférence de presse, assouplir « par étapes » les mesures dans certains quartiers classés à faible risque. (...)

La Chine est l’un des derniers pays à appliquer une politique de lutte contre la pandémie à base de tests massifs et de confinement.

Lire aussi :

En Chine, la politique « zéro Covid » est de plus en plus contestée

Des chiffres de contamination record en Chine poussent les autorités à décréter de nouveau des mesures de confinement un peu partout dans le pays. Ce qui entraîne des réactions de plus en plus vives, y compris des émeutes, comme récemment dans la plus grosse usine d’iPhone au monde dans le centre du pays. (...)

Quelques semaines à peine après sa consécration au 20e Congrès du Parti communiste chinois (PCC) pour un troisième mandat, le numéro un chinois Xi Jinping est confronté à sa première crise d’ampleur sur fond de lutte contre la pandémie – dite « zéro Covid » –, qui épuise et met à bout le pays.

Même si les autorités centrales ont décidé de relâcher légèrement la pression le 11 novembre en édictant vingt règles censées guider les actions aux échelons inférieurs, y compris un programme de vaccination accélérée, la reprise de la pandémie, avec des chiffres de contamination record, pousse les responsables locaux à décréter de nouveau des confinements stricts.

Ce qui entraîne des réactions de plus en plus vives, des protestations, qui peuvent dégénérer en émeutes, comme récemment dans la province méridionale de Guangdong (voir la vidéo ci-dessous), ou des ruées dans les commerces pour constituer des stocks. Le confinement de la mégapole de Shanghai au printemps avait provoqué des pénuries, certaines personnes se plaignant de ne pas pouvoir manger à leur faim. (...)

Le plus tragique a eu lieu à Urumqi, capitale du Xinjiang (Nord-Ouest), après la mort de dix personnes dans l’incendie d’un immeuble. (...)

Mercredi soir, lors d’une conférence de presse où les mesures de confinement ont été annoncées, les autorités locales ont évoqué un « combat acharné » pour faire face à une « situation grave et complexe ». Une campagne massive de tests va être menée dans les huit districts de la ville. (...)

Les dirigeants ont publié une lettre ouverte aux habitants et habitantes de la ville pour les persuader du bien-fondé de cette politique décidée à Pékin. « La prévention et le contrôle des épidémies sont de la responsabilité de chacun. Surmonter ensemble les difficultés et rétablir une production et une vie normales ne peut se passer de la participation et de la coopération de chaque citoyen », est-il expliqué.

Dans ce contexte, un conflit d’ordre social lié à la lutte contre la pandémie a dégénéré dans la plus grande usine de production d’iPhone au monde – qui représente, selon un expert cité par CNN, de 50 à 60 % de la capacité de production de Foxconn, l’entreprise taïwanaise qui la possède. Véritable ville avec ses dortoirs, commerces et terrains de sport, elle abrite quelque 200 000 ouvriers.

Fin octobre, après plusieurs cas de contamination, des milliers d’entre eux ont fui l’usine, craignant d’être malades et critiquant l’absence de nourriture et de médicaments. Foxconn, explique le site chinois Sixth Tone, a alors lancé une campagne massive de recrutement en promettant de bons salaires et des bonus. Mais, selon des ouvriers cités par Sixth Tone, les conditions de travail ne se sont pas améliorées et les salaires et bonus promis n’étaient pas au rendez-vous.

Le mouvement de protestation commencé mardi soir, en pleine période de forte production, en raison de l’approche des fêtes de fin d’année en Europe et aux États-Unis, est devenu beaucoup plus violent mercredi. Des images montrant des ouvriers tabassés par les forces de l’ordre ont été diffusées. (...)

Jeudi, finalement, Foxconn a présenté ses excuses, invoquant « une erreur technique ». « Nous nous excusons pour une erreur de saisie dans le système informatique et garantissons que le salaire réel est le même que celui convenu et indiqué par les affiches officielles de recrutement », a indiqué la compagnie, qui a également promis des indemnités de départ de 10 000 yuans (1 340 euros).

Dans un contexte de ralentissement économique, les autorités chinoises cherchent désormais à éviter la fermeture des usines, comme elles l’avaient fait début 2020. Elles promeuvent la « production en circuit fermé », obligeant les travailleurs à vivre dans les usines. (...)

Selon l’Agence France-Presse, même l’ambassade de France en Chine a critiqué la politique zéro Covid du géant asiatique sur un réseau social, un inhabituel message très commenté et salué vendredi par des Chinois excédés par cette politique sanitaire. (...)