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Amnesty International
LA COMPASSION N’EST PAS UN CRIME
Article mis en ligne le 30 octobre 2018

Un dimanche matin, en février de cette année, dans une église d’une petite ville suisse nichée au pied des montagnes enneigées du Jura, l’office du pasteur Norbert Valley a été interrompu par l’arrivée de deux policiers. Les fidèles atterrés ont vu les policiers emmener leur pasteur pour l’interroger au poste de police.

En août, il a été inculpé pour avoir « facilité le séjour illégal » d’une personne, au titre de l’article 116 de la loi fédérale sur les étrangers.

Son « crime » est d’avoir offert à plusieurs reprises des repas et le gîte à un Togolais sans domicile ayant été débouté de sa demande d’asile. Norbert Valley s’est vu infliger par le ministère public de Neuchâtel une amende d’un montant de 1 000 francs suisses. Il a refusé de payer cette amende.

Norbert Valley ne nie pas avoir aidé cet homme, mais il conteste le fait de considérer comme une infraction l’aide apportée à une personne en difficulté.

« Comme chrétien, les principes de l’amour de Dieu pour mon prochain conduisent ma manière de vivre », explique-t-il.

Jeudi, le ministère public décidera soit d’abandonner les charges retenues contre le pasteur soit de les maintenir et de le mettre en examen, ce qui le conduira sur le banc des accusés.

Le cas de Norbert Valley en Suisse est loin d’être isolé. Il est simplement le dernier en date d’une série de cas signalés à travers l’Europe où les autorités ont utilisé des lois sur l’immigration et la lutte contre le trafic d’êtres humains pour sanctionner pénalement des personnes ayant aidé des réfugiés et des demandeurs d’asile.

Sauver des gens en mer, offrir le gîte et des repas et attirer l’attention sur des abus sont des actes qui deviennent de plus en plus risqués. (...)

Alors que le nombre de personnes qui meurent en mer en essayant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe continue d’augmenter, le fait de bloquer des navires de secours a probablement contribué à la mort de plus d’un millier de personnes en Méditerranée centrale cette année. (...)

Jeudi, Norbert Valley saura s’il est tenu ou non de payer l’amende à laquelle il a été condamné. Mais ce qui est important dans cette affaire, ce ne sont pas les 1 000 francs suisses.

Cette affaire – tout comme d’autres cas de répression pénale d’actes de solidarité – ne porte pas seulement sur une action en justice engagée contre une personne. Elle porte sur les tentatives visant à faire de l’Europe un endroit où les ONG sont attaquées et où les personnes faisant preuve de compassion sont stigmatisées.

Mais ce sont de vaines tentatives. Au lieu d’avoir un effet de dissuasion et d’intimidation, ces mesures absurdes destinées à réprimer le respect élémentaire de la personne humaine ont l’effet inverse. Avec courage et détermination, des pasteurs suisses, des retraités français, des pompiers espagnols et d’innombrables autres personnes entrent en résistance et prouvent que l’on ne peut pas si facilement venir à bout de l’âme humaine.