
« Combien de temps allons-nous encore regarder de loin cette tragédie macabre, sans intervenir ? » De nombreuses personnalités politiques, syndicales, associatives dénoncent « les abîmes de l’inhumanité » dans lesquels s’enfoncent l’Union européenne « instrumentalisée par des pouvoirs autoritaires piétinant les droits humains les plus fondamentaux. »
Alors qu’aux portes de l’Union européenne se joue un bras de fer politique entre la Pologne et la Biélorussie, nous avons plongé ces derniers jours un peu plus loin dans les abîmes de l’inhumanité.
Dans un froid glacial, au cœur d’une forêt instituée en zone de non droit où ni les journalistes ni les organisations humanitaires n’ont droit d’accès, 4 000 personnes, venant presque toutes de Syrie ou d’Irak, sont livrées à elles-mêmes. Elles subissent la violence des forces militaires et policières polonaises. On compte déjà plus de 15 mort.e.s, des mort.e.s de froid et de soif. Sans compter la disparition d’une dizaine de ces personnes.
Dans le même temps, des réfugiés meurent dans la Méditerranée et dans La Manche.
Pour tout commentaire, le porte-parole du RN Julien Odoul affirme sans ciller qu’il faut laisser mourir ces gens de froid. Le journaliste du Figaro Ivan Rioufol s’interroge sur la possibilité de faire tirer l’armée sur eux. Un festival de haine et de racisme. La droite et l’extrême droite sont à l’offensive. Quant au gouvernement d’Emmanuel Macron, fidèle à sa politique migratoire issue de la loi asile et immigration, il fait le choix des barbelés plutôt que de l’accueil.
Accueillir sans attendre. Nous devons, collectivement, assumer ce devoir, pour venir en aide à quelques milliers de personnes, poussées par le désespoir et instrumentalisées par des régimes totalitaires d’extrême droite.
Dans quelques jours, le grand froid, les menaçant de mort. Combien de temps allons-nous encore regarder de loin cette tragédie macabre, sans intervenir ? Comment pouvons-nous laisser croire que des solutions ne puissent être trouvées pour accueillir quelques milliers personnes qui ne menacent en rien la sécurité européenne ?
Quelle est cette Union européenne instrumentalisée par des pouvoirs autoritaires et piétinant les droits humains les plus fondamentaux ? (...)
À l’heure où les discours racistes et xénophobes se multiplient, où la détresse de milliers de personnes est utilisée à des fins de stratégie politique de haine, les forces progressistes doivent avoir une parole claire et forte sur la question de l’accueil de ces enfants, femmes et hommes aujourd’hui menacé.e.s de mort.
Devant la gravité de la situation, il faut tout de suite que l’Europe impose la présence d’observateurs internationaux et l’arrivée de l’aide humanitaire afin d’assurer la sécurité des milliers de personnes actuellement parquées entre frontières. Mais il faut également et clairement affirmer que, pour ne pas céder au chantage de régimes autoritaires, nous devons accueillir sur le territoire de l’Union européenne ces quelques milliers de migrant.e.s.
Face à l’instrumentalisation de cette détresse humaine, nous demandons que la France ne se contente pas de paroles. Si les gouvernements des États de l’Union, pris dans une course éhontée avec l’extrême droite, se refusent à le faire, la France doit se monter exemplaire en les recevant. (...)
Si l’émigration est souvent le prix d’un arrachement de populations dévastées, nous affirmons en effet qu’aujourd’hui il est nécessaire d’accueillir dignement et de façon solidaire celles et ceux qui ont cherché refuge dans nos pays. Cela peut être une chance pour l’Europe, d’abord sur le plan économique mais aussi parce que l’histoire montre que toutes les sociétés sont le produit de la richesse de circulations permanentes de populations.