
À partir d’une enquête effectuée à Paris par les acteurs de terrain de cinq associations, dont le Cedre, antenne du Secours Catholique, un rapport, intitulé Les oubliés du droit d’asile, dresse un état des lieux alarmant des conditions de vie des migrants dans la capitale. Les auteurs du rapport révèlent nombre de dysfonctionnements et énumèrent une quarantaine de recommandations pour que l’État honore ses engagements.
« Pratiquement tous les demandeurs d’asile à Paris ont séjourné et dormi dans la rue. C’est un passage obligé. Nous sommes dans un système où nous, travailleurs sociaux ou associatifs, sommes étonnés quand un migrant nous dit qu’il n’a jamais dormi à la rue. »
Ainsi s’exprime Aurélie Radisson, directrice du Centre d’entraide pour réfugiés et demandeurs d’asile (Cedre) du Secours Catholique, l’un des cinq centres d’accueil parisiens pour demandeurs d’asile à l’origine du rapport Les oubliés du droit d’asile.
« En menant cette enquête, poursuit Aurélie Radisson, nous voulions mesurer les conditions de vie des migrants et la justesse des doléances que les acteurs de terrain portent depuis plusieurs années. »
recueil de témoignages (...)
Les oubliés du droit d’asile
Une enquête menée par cinq associations de terrain, dont le Cedre, auprès de 700 personnes migrantes accueillies, entre le 1er le 15 juin 2021. 525 personnes ont répondu au questionnaire. (...)
Le jour où elles ont été interrogées, 65 % de ces personnes exilées avaient dormi à la rue. 25 % de ces migrants se trouvaient en situation de faim sévère. 79 % ont déclaré n’avoir aucune ressource et 50 % des demandeurs d’asile interrogés ne perçoivent pas l’Allocation aux demandeurs d’asile (Ada), pourtant indispensable pour survivre puisqu’il leur est quasiment impossible d’obtenir une autorisation de travailler.
Le rapport met aussi en lumière la grande complexité pour enregistrer une demande d’asile, étape pourtant obligatoire pour toute personne qui a besoin d’une protection.. (...)
Cette complexité est amplifiée par « la qualité de l’information officielle qui est nulle, assure Aurélie Radisson. 66 % des migrants qui viennent d’arriver obtiennent leurs informations exclusivement des membres de leurs communautés. La fiabilité de cette information peut être questionnée. »
De plus, 60 % des personnes interrogées ont dit ne pas avoir accès à un travailleur social alors qu’elles sont censées être accompagnées socialement. Là encore, Aurélie Radisson déplore le manque de travailleurs sociaux et souligne qu’une des recommandations du rapport invite à augmenter le nombre de salariés dans les centres d’accueil pour accompagner les personnes exilées. (...)
La quarantaine de recommandations du rapport répond aux différents dysfonctionnements révélés ou relevés par cette enquête. (...)
Le rapport Les oubliés du droit d’asile, en déployant la photographie d’une migration qui se fait le plus souvent dans la souffrance et la misère, remue les consciences et lance un appel au devoir d’humanité.