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Basta !
L’extrême droite indifférente au sort des travailleurs précaires et aux abus des multinationales
Article mis en ligne le 22 février 2022

Que votent les députés d’extrême-droite au Parlement européen soutenant Marine Le Pen ou ralliant Eric Zemmour ? La protection des travailleurs ubérisés ou la lutte contre les abus des multinationales ne font pas partie de leurs préoccupations.

Les débats au sein de l’hémicycle strasbourgeois sont beaucoup moins médiatisés que ceux qui agitent le Palais Bourbon. Ils sont pourtant riches d’enseignement sur les positions prises par les partis qui y siègent. Surtout en campagne présidentielle, lorsqu’il s’agit de mesurer le degré de sincérité derrière les propositions des programmes et les grandes tirades des meetings. (...)

79 députés français siègent au Parlement européen. Les deux groupes les plus importants sont celui d’En marche, soutien d’Emmanuel Macron, et celui du Rassemblement national, soutien de Marine Le Pen, avec respectivement 29 élus (dont deux élus qui sont, depuis, passés chez Éric Zemmour). Viennent ensuite les écologistes, qui soutiennent Yannick Jadot (13 députés), LR avec Valérie Pécresse (8 députés), puis la France insoumise (Jean-Luc Mélenchon, 6 députés) et le groupe socialiste (6 députés), partagé pour l’instant entre Anne Hidalgo et Christiane Taubira. Nous nous sommes intéressés à plusieurs votes sur des enjeux que basta ! juge essentiels, en matière sociale, économique, écologique et démocratique (...)

Protection des travailleurs ubérisés : LREM en contradiction avec Macron
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Une avancée majeure pour la défense des droits des travailleurs des plateformes de livraison : en septembre dernier, le Parlement européen a adopté une résolution pour promouvoir la présomption de salariat les concernant. L’extrême droite s’est abstenue... (...)

De LFI aux Républicains, la protection des travailleurs ubérisés fait consensus. Ce n’est pas le cas des députés du Rassemblement national, qui ont préféré s’abstenir. Le texte, porté par l’élue LREM Sylvie Brunet, a été en revanche approuvé par l’intégralité des députés européens de la majorité présidentielle, ainsi que par le groupe libéral dont ils font partie. Les députés LREM ont ainsi voté en contradiction avec la position du gouvernement, qui défend la pérennisation d’un statut d’indépendant pour les travailleurs ubérisés, avec bien moins de protections sociales.
Le RN vote pour l’impunité des multinationales
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Le 10 mars 2021, le Parlement européen approuve le principe d’un devoir de vigilance européen : il permettra de tenir responsables les multinationales en cas de violations des droits humains ou de dommages environnementaux. L’extrême droite s’y oppose...

Le texte est adopté à une large majorité. Parmi les eurodéputés français, les groupes France insoumise, Verts et socialistes votent positivement ; les groupes macronistes et LR également [1]. Une fois de plus, seuls les eurodéputés d’extrême droite s’y opposent. La Commission européenne doit désormais respecter le souhait des eurodéputés et proposer une directive, dont la concrétisation est repoussée depuis plus de six mois.

Sur la « responsabilité des entreprises dans les dommages causés à l’environnement », le clivage est le même. (...)

Parmi les 79 élus français, l’extrême droite est la seule à s’y opposer. Tous les autres groupes politiques français votent favorablement.

Levée des brevets sur les vaccins : Le RN et LR contre, LREM évolue (...)

La Commission européenne bloque toujours cette résolution.

Accord de libre-échange : LREM favorable, peu importe les conséquences sur le climat

En février 2020, le Parlement adopte un nouvel accord de commerce et d’investissements, entre l’UE et le Vietnam. En amont du vote, des dizaines d’organisations de la société civile appellent les parlementaires européens à ne pas ratifier le traité de libre-échange. « Peut-on encore ratifier des accords de commerce qui concourent à approfondir la mondialisation des échanges et l’aggravation des émissions de gaz à effet de serre et la crise écologique ? », interrogent ces organisations (...)

Les élus Verts, LFI et socialistes suivent l’avis de la société civile et s’opposent au traité commercial. Celui-ci sera cependant approuvé par une majorité du parlement, dont les élus français LR et LREM (sauf cinq). « Je préfère voter pour cet accord, car il fait bouger les lignes au Vietnam, tout en reconnaissant qu’il est encore loin d’être satisfaisant », se justifie l’élu LREM (et ancien Vert) Pascal Canfin [3]. Les parlementaires du RN votent contre, à l’exception de Thierry Mariani. Déjà, lors de la précédente législature européenne (2014-2019), alors que Marine Le Pen cherchaient déjà à se poser en défenseuse des travailleurs et des protections sociales, les eurodéputés frontistes montraient un tout autre visage : ils se désintéressaient des accords de libre-échange, refusaient de lutter contre les délocalisations, soutenaient le « secret des affaires » qui protège les multinationales, et s’opposaient à l’égalité femmes-hommes au travail.