
Blanquer : « il y a plus de filles que de garçons qui ne vont pas à l’école maternelle pour des raisons sociétales. » En réalité, « les filles sont plus nombreuses à bénéficier de la scolarisation précoce ». « Le cabinet du ministre reconnaît l’imprécision. » Imprécision ? « Fake news »... (Eric Fassin, sociologue)
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L’instruction obligatoire à trois ans va-t-elle faire revenir les petites filles à l’école maternelle ? C’est ce qu’a semblé dire Jean-Michel Blanquer sur France Culture samedi 31 août, en assurant que les élèves du sexe masculin seraient plus fortement scolarisés, notamment à cause du « fondamentalisme islamiste ». Un constat démenti dans les statistiques nationales. Dans l’entourage du ministre, on reconnaît l’imprécision. (...)
On veut que tous les enfants aillent à l’école maternelle. Aujourd’hui, il y a plus de petites filles que de petits garçons qui ne vont pas à l’école maternelle pour des raisons sociétales. Et puis appelons un chat un chat, le fondamentalisme islamiste dans certains territoires a fait que certaines petites filles vont à l’école le plus tard possible, ou avec une assiduité plus faible. »
POURQUOI C’EST FAUX
L’instruction n’était jusqu’ici obligatoire qu’à partir de 6 ans. Mais elle le devient dès 3 ans en cette rentrée, du fait de la loi « pour une école de la confiance » portée par Jean-Michel Blanquer. Dans les faits, 97,6 % des enfants étaient déjà scolarisés à 3 ans en France, mais de fortes inégalités territoriales existaient, notamment dans certains territoires d’outre-mer où ce taux était parfois inférieur à 70 %. (...)
En revanche, les statistiques officielles ne permettent pas de dire que les petites filles seraient moins scolarisées dès leur plus jeune âge que leurs camarades du sexe masculin. Au contraire : « Les filles sont plus nombreuses à bénéficier de la scolarisation précoce », note la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’éducation nationale. (...)
elles représentent 50,3 % des élèves scolarisés dès 2 ans, ainsi que 48,9 % de ceux de 3 ans et 49,0 % à 4 ans. Contrairement à ce qu’a dit Jean-Michel Blanquer, la proportion de petites filles non scolarisées en maternelle n’est donc pas supérieure à celle des petits garçons.
Contacté, le cabinet du ministre reconnaît l’imprécision.... (..)