
Pour Youssef Achour, PDG de la coopérative Up, dans un monde économique dominé par les sociétés à actions, le modèle coopératif fait figure d’alternative et de modèle d’avenir.
La loi relative à la croissance et la transformation des entreprises ( Pacte ), dont l’une des dispositions est la modification de l’objet social des entreprises élargi aux considérations sociale, sociétale et environnementale, souligne à l’évidence la modernité et l’avant-gardisme de l’entreprise coopérative qui fait sienne ces considérations depuis toujours.
Longtemps cantonné au rayon des exceptions et donc marginalisé dans un monde économique dominé par les sociétés à actions, le modèle coopératif fait figure d’alternative et de modèle d’avenir. A l’heure de l’urgence climatique et des bouleversements sociaux sous l’influence notamment de la révolution numérique, les limites de l’entreprise capitalistique, centrée sur la seule valorisation du capital financier, apparaissent un peu plus au grand jour. Mais ne nous méprenons pas : la loi Pacte n’annonce pas un grand soir mais plutôt un pas en avant timide vers la transformation réelle et concrète des entreprises. (...)
La loi pourrait même servir de faux nez à certaines entreprises qui, à la faveur du changement de leur objet social et d’un « label » non contraignant, pourraient être tentées, à grand renfort de communication, de s’abandonner au « socialwashing ». (...)
Le monde coopératif offre, par les principes de fonctionnement qu’il s’applique, un rempart utile contre les maux et les outrances du capitalisme lorsque ce dernier est abusivement financiarisé et enfermé dans une rentabilité de court terme alors que la lutte contre les inégalités et la précarité, mais également la transition écologique, nécessitent un investissement de long terme. Cette exigence de long terme est également l’essence des entreprises coopératives car leurs résultats financiers sont répartis entre une « part entreprise », qui les engage à constituer des réserves financières pérennes de développement et d’investissement, et une « part travail » attribuée équitablement aux salariés. C’est ce modèle vertueux qui est aujourd’hui porté par 3.500 sociétés coopératives et participatives (SCOP) et sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC), dont de grandes réussites nationales et internationales (Acome, Bouyer Leroux, Enercoop, Habitats Solidaires, Saprena, Scopelec, Up, UTB…), qui emploient plus de 60.000 personnes et génèrent un chiffre d’affaires agrégé de 5,5 milliards d’euros.
Mais la coopérative n’est pas seulement un autre ou contre-modèle. Elle porte surtout l’espoir de répondre concrètement aux aspirations de plus en plus pressantes des individus pour davantage de transparence, de proximité et de justice dans l’organisation économique et politique de la société. (...)
technologie n’est qu’un moyen sans finalité a priori. Or, ce que nous observons est l’émergence de travailleurs indépendants exploités par les plates-formes, et la montée en puissance d’un salariat à deux vitesses.
Ainsi, et bien que cela puisse paraître paradoxal au premier abord, nos sociétés individualistes font naître un puissant désir de solidarité. (...)