
En Haute-Savoie, la maison bariolée de Nadine Mehly sur la route nationale entre Annecy et la Roche-sur-Foron est devenue une véritable attraction touristique. « Les gens s’arrêtent, prennent des photos. Ils viennent de Marseille, du Nord... Même de l’étranger, d’Irlande par exemple, et me laissent des petits mots pour me remercier », témoigne la prolétaire des lieux sur France 3.
Mais cette gentille notoriété prend parfois des proportions bien plus fâcheuses. À Notting Hill, le quartier de Londres célèbre pour ses maisons pastel en rangée et popularisées par le film Coup de foudre à Notting Hill avec Julia Roberts et Hugh Grant, les résidents voient affluer chaque jour les touristes en quête du meilleur cliché Instagram.
« Une fois, un touriste français m’a demandé s’il pouvait “emprunter” le bouledogue que j’étais en train de promener pour une séance photo », raconte à CNN Alice Johnston, une résidente du quartier. Après avoir accepté, le touriste lui a versé 5 livres en guise de remerciement.
D’autres fois, en revanche, cela tourne au cauchemar. « J’ai déjà été réveillé à 6 heures du matin le dimanche de Pâques par des adolescents prenant des photos à l’extérieur. Une autre fois, alors que je me changeais après être sortie de la douche, j’ai vu un homme âgé prenant une photo de mes fenêtres avec un iPad. »
Clic clac
Si, dans les zones rurales, les habitants peuvent se protéger des importuns en installant des clôtures, ce n’est pas le cas des propriétaires de maison en ville, où les rues sont publiques.
À Barcelone, Venise, Dubrovnik ou Santorin, les résidents doivent faire face à des hordes de touristes armés de smartphones et osent à peine sortir sur leur terrasse. À Prague, les visiteurs éméchés faisaient tellement de boucan que les responsables locaux ont mis en place une patrouille chargée de faire respecter le calme après 22 heures. (...)
À Paris, la rue Crémieux est devenue un « enfer », selon le vice-président de l’association de rue. « Des clips de rap se tournent pendant deux heures sous nos fenêtres, des enterrements de vie de jeune fille y sont organisés avec les hurlements qui vont avec, c’est franchement usant », s’exaspère-t-il. « C’est vrai qu’on oublie un petit peu que les maisons sont habitées », reconnaît Audrey, une étudiante venue faire un cliché Instagram.
C’est encore pire pour les propriétaires de maisons historiques, qui doivent ajouter au coût d’entretien et d’assurance celui des caméras de sécurité et des système anti-intrusion.
Pour mettre fin aux envahisseurs, Chuck Henderson, propriétaire d’une maison en Californie construite par le célèbre architecte américain Frank Lloyd Wright, s’est résolue à un compromis. La maison est louée occasionnellement pour des séances photo et ouverte une fois par an au public, et les bénéfices sont reversés à une association locale.