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L’énergie “propre” dévore nos campagnes
Article mis en ligne le 29 août 2011
dernière modification le 25 août 2011

Frappés par la crise, les agriculteurs italiens se convertissent à la culture intensive du maïs pour produire du biogaz, plus rémunérateur. Mais ils se mettent ainsi à la merci des spéculateurs et menacent la biodiversité, dénonce le fondateur du mouvement Slow Food, Carlo Petrini.

Agriculture industrielle. Méditons sur cet oxymore. En son nom, l’homme a pensé pouvoir produire de la nourriture sans paysans et a fini par évincer ces derniers des campagnes. Nous en sommes même aujourd’hui à l’idée qu’il puisse y avoir des champs cultivés sans que des aliments y soient produits : une agriculture sans nourriture. Une agriculture, qui, dès lors qu’elle se base uniquement sur le profit et sur les spéculations, parvient à rendre mauvais tout ce qui peut être bon : la nourriture, les terrains fertiles (qui le sont de moins en moins), mais aussi l’énergie propre et renouvelable. Comme le photovoltaïque, comme le biogaz. (...)

On a déjà parlé de la façon dont l’énergie photovoltaïque peut devenir une machine dévoreuse de terrains et de ressources alimentaires. Aujourd’hui l’heure est aux centrales au biogaz qui exploitent les biomasses, c’est à dire les déchets de l’élevage, l’herbe de fenaison et autres végétaux. Ces installations seraient idéales pour se débarrasser des déjections, problème récurrent des éleveurs, et autres déchets biologiques, en améliorant leur revenu grâce à une production d’énergie qui peut-être utilisée pour l’exploitation agricole, ou vendue.

Mais si l’affairisme s’en mêle, si des investisseurs qui se fichent complètement que l’agriculture produise de la nourriture et qu’elle le fasse le mieux possible, flairent la bonne affaire et accourent, alors le biogaz peut devenir une malédiction. C’est ce qui est en train d’arriver dans de nombreuses régions de la plaine du Pô, surtout là où il y a de fortes concentrations d’élevages intensifs. (...)

On cesse de produire de la nourriture pour produire de l’énergie Que se passe-t-il ? (...)

le système des subventions, auquel s’ajoutent celles de l’Union européenne pour la production de maïs, a rendu la construction d’installations importantes et coûteuses (jusqu’4 millions d’euros) très rentables, d’autant plus que leur coût peut être amorti en quelques années. Rien que dans la région de Crémone [Nord], il y avait en 2007 cinq installations autorisées, il y en a aujourd’hui 130. On estime que le maïs destiné au biogaz occupe 25% des terres actuellement cultivées. D’ici à 2013 il devrait y avoir 500 installations sur l’ensemble de la Lombardie.

L’environnement et l’agriculture elle-même sont donc menacés.
(...) Wikio