
C’est le pays au monde qui compte le plus grand nombre d’employées de maison : 7 millions. Le Brésil est enfin sur le point de leur accorder les mêmes droits qu’aux autres travailleurs.
C’est un petit bouleversement sociétal au Brésil. Le Sénat a approuvé à l’unanimité, mardi 26 mars, une proposition d’amendement de la constitution (PEC) qui renforce les droits des travailleurs domestiques. Le texte doit être adopté par la Chambre des représentants le 2 avril.
Le Brésil est le pays au monde qui compte le plus de travailleurs (presque exclusivement des travailleuses) domestiques. Gardes d’enfants, cuisinières, aide aux personnes âgées, et souvent polyvalentes, elle sont estimées à plus de 7 millions. Une travailleuse sur six est employée de maison. Et le secteur reste très informel : selon l’Organisation internationale du Travail, seules 30% de ces employées disposent d’un contrat de travail.
Le texte, également appelé « PEC Benedita da Silva », du nom d’une ancienne femme de chambre aujourd’hui députée qui a bataillé pour son adoption, permettra à ces employées de maison de bénéficier des mêmes règles du droit du travail que dans les autres métiers (...)
La présidente du syndicat Sindoméstica à São Paulo, Eliana Menezes, voit dans cette loi « la seconde abolition de l’esclavage ». Si cette avancée du droit est saluée par les syndicats de défense des domestiques, elle suscite tout de même quelques craintes. L’ONG Doméstica Legal, par exemple, considère que la loi est une « avancée importante » mais appelle l’État à compenser la hausse du coût du travail que la PEC entraînera pour les employeurs particuliers. (...)
La présidente de la Fédération nationale des travailleuses domestiques est plus optimiste : dans les premiers mois, confrontés aux augmentations de salaires, les employeurs risquent de licencier. Mais ils seront à nouveau obligés d’embaucher par la suite, estime Creuza Maria Oliveira.
Reste que le recutement des employées de maison est en déclin au Brésil, où les progrès économiques depuis 10 ans offrent de nouvelles perspectives d’emploi plus valorisantes.