
(...) « L’écologie aujourd’hui ne saurait être seulement une affaire d’accroissement des connaissances et des maîtrises, ni même de préservation ou de réparation. Il doit y entrer quelque chose d’une philia : une amitié pour la vie elle-même et pour la multitude de ses phrasés, un concernement, un souci, un attachement à l’existence d’autres formes de vie et un désir de s’y relier vraiment. »
Voilà ce qu’écrit Marielle Macé dans son livre Nos cabanes (Verdier, 2019). Dans le même esprit, à l’origine de ces ateliers d’écriture, il y a une conviction en apparence naïve : pour rendre possible une transformation écologique profonde de nos sociétés, la biodiversité doit reconquérir nos imaginaires. Elle doit retrouver sa place dans les multiples représentations du monde qui nous entourent et nous façonnent, et ce à toutes les échelles d’existence : de l’imaginaire collectif aux expériences quotidiennes individuelles.
Comme le soulignait déjà Anne-Caroline Prévot, chercheuse en psychologie de la conservation au Muséum national d’Histoire naturelle, dans une interview accordée en 2018, nos sociétés ont tendance à invisibiliser cette biodiversité, à se couper progressivement de toute expérience de nature, et à mettre ainsi en arrière-plan le déclin vertigineux de la biodiversité observé et mesuré par l’IPBES. (...)
Dès lors, comment faire de l’écriture un lieu et un temps de reconnexion avec la biodiversité ? La fiction est-elle un moyen pertinent pour penser notre relation au vivant ? Au terme de cette semaine d’ateliers, nous n’avons pas de réponse à ces questions. Seulement quelques observations qui donnent à penser. (...)
Se reconnecter au vivant exige un travail du corps et du regard (...)
À la manière de Jonathan Swift, qui utilise la fiction pour faire voyager son personnage de Gulliver à travers des dimensions plurielles et changer d’optique de perception, il nous semble souhaitable de mobiliser l’écriture comme une machine à déjouer les lois de la physique et à explorer des espaces qui nous sont a priori inaccessibles. (...)
Tester l’hypothèse d’une co-présence, d’un espace commun où les rôles ne sont pas assignés et les interactions pas scriptées (...)
C’est le travail qu’entreprend en partie le metteur en scène et magicien Etienne Saglio dans son dernier spectacle Le bruit des loups. Il y questionne notre relation phénoménologique à la nature en mettant en scène de vrais animaux et des comédiens. (...)
Dans ce travail d’écriture, une tension apparaît entre la spontanéité consubstantielle au vivant et la maîtrise nécessaire à toute forme d’écriture. Cette tension provoque une réflexion sur la nature historique et future des relations entre humains et non-humains bien au-delà de la scène. (...)