
"Compétence", "performance", "compétition" : tous ces mots disent l’entreprise de transformation de l’école en simple outil d’adaptation aux voeux du marché.
(...) Dans leur immense majorité, les enseignants sont attachés au principe d’une école républicaine qui transmet le même savoir à tous. On imagine mal un professeur délivrant des connaissances essentielles aux élèves dont il pense qu’ils sont les "meilleurs" et délaissant ceux qu’il juge fragiles en ne leur confiant que des exercices sans intérêt.(...)
En dépit des efforts pédagogiques fournis, le même savoir n’est donc pas distribué à tous et les parcours scolaires deviennent, par la force des choses, individualisés. Ils le sont d’autant plus qu’une compétition acharnée s’installe parmi les élèves. (...)
La hiérarchie instaurée "entre les murs" de l’école prépare les élèves à la future "lutte des places" (complémentaire de la lutte des classes) au sein d’un système économique rongé par la recherche maladive de l’efficacité, de la compétitivité et devant lequel s’incline et se soumet le système social dont la logique (la stratégie !?) sera d’encourager, chez tout un chacun, la recherche de l’intérêt individuel.(...)
Ainsi, et ce n’est pas nouveau, l’école est au service du marché. La métaphore de la main invisible, inscrite dans l’univers de la production, exerce son influence maléfique dans celui de l’éducation.(...)
Une information transmise par Luc Chatel, le 25 janvier, est venue confirmer, sans grande surprise il est vrai, l’enlisement de l’école dans l’idéologie néolibérale. Les chefs d’établissements bénéficieront de rémunérations variables selon leurs performances, « comme cela existe dans l’immense majorité des entreprises de notre pays » a-t-il annoncé. 6.000 € seront attribués aux principaux de collège et aux proviseurs tous les trois ans. En agissant de la sorte, le gouvernement espère « améliorer les performances » du système éducatif.(...)
A la fin de l’année 2009, les recteurs s’étaient vu attribuer une authentique "prime à la casse" de 22.000 € selon leurs résultats. Dit plus clairement, il s’agira, pour le gouvernement, de leur témoigner une extrême gratitude pour l’empressement avec lequel ils supprimeront des postes d’enseignants, (16.000 au total ) (...)
Ces décisions sont scandaleuses tant elles expriment un mépris profond pour le métier d’enseignant(...)