
(...) L’arrestation par les forces turques de notre confrère Olivier Bertrand, alors qu’il effectuait dans la province de Gaziantep un reportage pour le site "Les Jours", a mis en relief, une fois de plus, la difficulté à exercer cette profession en Turquie. Sa libération rapide, obtenue sur intervention française, a été un soulagement pour tous.
Mais qu’en est-il pour les journalistes turcs ?
Depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet et la mise en place de l’état d’urgence, ils sont victimes de purges sans précédent. Aujourd’hui, 185 médias ont été fermés. 148 journalistes sont emprisonnés, transformant la Turquie en une prison, la plus grande au monde pour nos confrères.
Le jour même où Olivier Bertrand était interpellé, le dirigeant du quotidien d’opposition Cumhuriyet, Akin Atalay, était arrêté, opération qui suivait l’incarcération du rédacteur en chef de ce quotidien et de plusieurs collaborateurs du journal. Par ailleurs, nous déplorons que dans cette situation quelque 3 000 journalistes se trouvent privés d’emploi et des dizaines d’autres contraints à l’exil pour éviter de lourdes condamnations d’une justice aux ordres d’un pouvoir ivre de vengeance contre les journalistes des medias d’opposition.
Par de tels actes, la Turquie viole l’Article 10 de la Convention européenne des Droits de l’Homme, garantissant le droit à la liberté d’expression, dont elle est pourtant signataire. (...)