
Dans une tribune, écrite par Isabelle Autissier et Roland Jourdain, 70 personnalités du monde maritime invitent « les pouvoirs publics et les organisations nationales et internationales, ainsi que les citoyens, à cesser de détourner le regard, à prendre leur responsabilité en mettant en place des moyens de sauvetage des réfugiés en mer, en soutenant et en finançant les ONG qui leur apportent assistance et réconfort ».
Aujourd’hui a lieu la remise des prix du Vendée Globe 2020, une édition exceptionnelle durant laquelle nous avons tous vibré et applaudi au magnifique sauvetage de Kevin Escoffier. Les marins engagés n’ont pas hésité une demi-seconde à oublier la compétition pour mettre la vie d’un de leur frère humain au premier plan. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire des courses au large, ni dans celle des marins en général, à la pêche, au commerce ou de la Marine Nationale. Ces élans conjugués du courage et de l’intelligence nous font chaud au cœur car ils illustrent le meilleur d’Homo sapiens, sa capacité d’empathie, de solidarité et de dévouement.
Petits humains perdus sur de vastes océans, nous pouvons nous enorgueillir d’avoir pensé et donné un cadre à cette solidarité, par plusieurs traités internationaux qu’il ne viendrait à l’esprit de personne de révoquer. Ainsi un capitaine de navire est « tenu de se porter à toute vitesse au secours des personnes se trouvant en détresse en mer quel que soit leur statut ou leur nationalité avec une obligation de débarquement en lieu sûr. Les États côtiers ont de leur côté l’obligation de mettre en place des installations permettant la recherche et le sauvetage en mer » *.
« Tous s’appellent Kevin »
Tout va donc pour le mieux… Sauf qu’à nos portes même, en Méditerranée, des milliers de personnes, hommes, femmes et enfants, perdent la vie chaque année dans une indifférence générale. Dans ce cas, fermer les yeux équivaut à condamner. (...)
L’humanité, embarquée sur le vaisseau Terre, est un seul équipage. Il ne peut y avoir deux poids et deux mesures d’un marin à l’autre. (...)
Nous appelons les pouvoirs publics et les organisations nationales et internationales, ainsi que les citoyens, à cesser de détourner le regard, à prendre leur responsabilité en mettant en place des moyens de sauvetage des réfugiés en mer, en soutenant et en finançant les ONG qui leur apportent assistance et réconfort. Elles le font en notre nom et pour l’honneur de notre humanité.