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L’ampleur des inondations est accentuée par les mauvaises pratiques agricoles
3 juin 2016
Article mis en ligne le 25 octobre 2019

(...) Après plusieurs jours de pluies torrentielles, les cours d’eau débordent et les inondations se multiplient. La faute aux éléments déchaînés ? Pas seulement. Ce phénomène naturel est aggravé par des pratiques agricoles délétères pour les sols.

pourquoi les sols saturent-ils ? Certes, ces pluies sont exceptionnelles mais, pour l’agronome Jacques Caplat, « la bétonisation, l’artificialisation des zones humides, la disparition des haies » aggravent la situation. Ce constat n’est pas nouveau, et a pu être fait à propos des inondations dans le Var, ou en qui concerne les zones humides. "Mais ce dont on parle très peu et qui me semble très important, c’est l’appauvrissement des sols agricoles », nous dit Jacques Caplat.

Un sol en bon état est riche en matières organiques, c’est-à-dire en petites racines, en petites bêtes et en particulier en vers de terre qui creusent des galeries. Le sol est alors poreux, plein de petits trous, qui lui permettent d’absorber l’eau. « Marcel Bouché, un agronome qui avait fait des études sur les infiltrations d’eau, a montré qu’un sol vivant pouvait absorber jusqu’à 300 millimètres d’eau par heure ! C’est beaucoup plus que ce qui est tombé ces jours-ci. A titre de comparaison, un orage méditerranéen violent, c’est 150 millimètres d’eau par heure », indique notre expert agricole. (...)

Le problème est qu’avec l’intensification de l’agriculture, « les éponges sont devenues des toiles cirées », déplore Jacques Caplat. « On a peu d’arbres et peu de rotation des cultures, donc peu de racines. Le gigantisme des parcelles a entraîné l’utilisation de machines agricoles de plus en plus lourdes, qui tassent le sol. L’eau ne peut plus s’infiltrer ! » Les haies ont été arrachées, alors qu’elles faisaient barrage aux ruissellements. La disparition des zones humides dégrade encore la situation, car elles constituaient « des espaces-tampons capables d’absorber beaucoup plus d’eau que les endroits secs », regrette l’agronome.


Lydia Bourguignon, agronome et fondatrice du Laboratoire d’analyses microbiologiques des sols, partage ce constat accablant en s’appuyant sur l’exemple des grandes plaines céréalières de la Beauce (...)

Elle pointe du doigt l’utilisation de produits phytosanitaires, « le Roundup qui tue la faune capable d’aérer le sol, et des engrais qui minéralisent la matière organique, la brûlent et la consomment trop vite ».

Pire, le ruissellement ne se contente pas de favoriser les inondations ; il emporte de la terre à chaque grosse averse, le sol disparaît peu à peu. (...)


Et sur ces terres agricoles abîmées, aux inondations succède la sécheresse. Le sol n’a pas retenu d’eau. (...)