
En Ardèche, de nombreux collectifs se sont créés pour venir en aide aux familles de migrants déboutées du droit d’asile. Du plateau de Lamastre en passant par Tournon et Privas, puis en descendant vers l’Ardèche méridionale, nous avons rencontré des homme et des femmes révolté·e·s par le sort réservé à ces personnes migrantes.
« Ici, nous sommes en terre protestante et il y a une vraie unité des chrétiens autour de l’accueil des migrants », explique Jacques, 65 ans, militant de longue date du CCFD-Terre Solidaire. Pour n’exclure personne, les militants décident de créer une association laïque. « Des personnes qui se faisaient une fausse idée des migrants nous ont rejoints. À leur contact, elles ont découvert un autre visage. »(...)
C’est la Cimade et l’Asti (Association de soutien aux immigrés), deux associations spécialisées dans l’accompagnement des migrants, qui les appuient en cas de besoin. Un maillage de terrain entre associations et collectifs locaux, indispensable pour consolider cet engagement citoyen exigeant.(...)
Aujourd’hui, grâce à l’appui d’une bonne centaine de donateurs, le collectif arrive tant que bien que mal à loger – parfois dans l’illégalité – seize familles. Mais l’accompagnement ne s’arrête pas là : cours de français pour les adultes, aide aux devoirs pour les enfants, sensibilisation dans les écoles, mais aussi rendez-vous chez le médecin, l’avocat ou au tribunal, les militants sont sur tous les fronts. Ils apportent aussi un vrai soutien moral dans les périodes les plus difficiles.
L’espoir pour ces déboutés repose sur la circulaire Valls de 2012. Elle ouvre la possibilité d’une régularisation après cinq années passées en France, à condition d’avoir un enfant scolarisé depuis trois ans. Mais cette circulaire n’a pas force de loi. Et son interprétation, au cas par cas, est laissée à la discrétion de chaque préfecture. Les associations réclament donc avec force que ce texte devienne une loi.
Durant ces cinq années, les migrants n’ont pas le droit de travailler. Ils reçoivent 150 euros par enfant du conseil départemental de l’Ardèche et bénéficient de l’Ame (aide médicale d’État). « De quel droit empêche-t-on les gens de travailler, s’indigne Charles, militant du CCFD-Terre Solidaire. Le travail est un droit fondamental. Le pape François nous l’a rappelé en citant les trois T : Terre, Toit, Travail [2] »(...)
Toutes les personnes rencontrées dénoncent l’hypocrisie de ces lois qui créent des clandestins, contraints pour survivre de travailler au noir – quand ils trouvent un peu de travail – en acceptant parfois des salaires de misère. (...)