Pour la première fois depuis 3 ans des supportrices iraniennes vont peut-être pouvoir assister, les 19 et 21 juin, à des matchs de volley-ball masculin. Mais cette ouverture est bien mince, dénonce la militante Soudeh Rad, qui mène une cyber-campagne. Sans compter que des islamistes annoncent une « répression sanglante ».
Début juin déjà, des femmes (séparées des hommes dans une section réservée) avaient pu assister à une rencontre de basket-ball. Pour l’instant, l’accès reste limité aux matchs de tennis, volley-ball, basket-ball et handball. L’interdiction continue concernant le football et la natation par exemple.
En apparence, le gouvernement iranien aura donc tenu parole, même si le nombre de supportrices reste autant limité que les sports concernés. Rappelons qu’en avril dernier, le vice-ministre iranien des Sports, Abdolhamid Ahmad, annonçait des changements dans cette voie. (...)
Une annonce consécutive à celle de l’interdiction pour l’Iran d’accueillir de nouvelles compétitions internationales de volley-ball tant que le pays n’autoriserait pas les femmes à assister à des matchs masculins. Cette interdiction de la Fédération internationale de volley-ball (FIVB) faisait suite à la condamnation à un an de prison d’une anglo-iranienne de 25 ans, Ghoncheh Ghavami, (finalement libérée), pour avoir manifesté afin d’assister à un match de volley-ball masculin. La FIVB avait toutefois maintenu la tenue à Téhéran de matchs de la WorldLeague, compétition entre équipes nationales, dans le cadre de laquelle se joueront les matchs Iran/Etats-Unis des 20 et 21 juin.
Pour Soudeh Rad, web-journaliste et activiste pour le droit des femmes en Iran, cette nouvelle annonce du gouvernement n’est qu’une vitrine : « Il ne s’agit pas de quelques femmes qui pourront accéder aux stades. En réalité, ces femmes sont choisies, sélectionnées par l’Etat et la police. Elles reçoivent des cartons d’invitation ; en général il s’agit de femmes de joueurs ou de femmes du gouvernement. Mais toutes les autres femmes ne peuvent absolument pas acheter un billet. Lorsque l’on va sur le site de la fédération de volley pour acheter un billet, normalement, il faut sélectionner le sexe de l’acheteur. Là le sexe féminin n’apparaît même pas ! Cette annonce n’est qu’une vitrine de la république islamique ». (...)
Face à ces contraintes et menaces, la version iranienne du site Macholand (fondée par Soudeh Rad et hébergée en France pour éviter sa fermeture) a lancé un appel à une « tempête de tweets » vendredi 19 juin. Cette nouvelle campagne, nommée Let Women Go To Stadiums (Laissez les femmes aller aux stades), entend « montrer au monde ce qui se passe ».
« Depuis trois ans les femmes iraniennes n’ont pas accès aux stades de volley-ball et basket-ball alors qu’avant elles le pouvaient. Nous avons contacté à plusieurs reprises les autorités iraniennes et la FIVB, via des lettres ouvertes et d’autres actions, mais elles n’ont jamais répondu. Notre nouvelle action montre nos revendications », insiste Soudeh Rad. « Vendredi 19 juin pendant une heure à partir de 18h30, nous allons créer une tempête de tweets pour protester contre ces discriminations (NDRL : En utilisant ces hashtags : #WorldLeague2015 #LetWomenGoToStadium #FIVBWorldLeague »). Nous voulons avoir le droit, comme tout citoyen, de nous promener dans l’espace public. Si le gouvernement n’accepte pas les femmes, il donne raison aux fondamentalistes ».