
(...) Emin Milli a publié une lettre ouverte dans The Independent, que je lui avais proposé de traduire en français, et de la publier sur ce blog.
Mais au lendemain de notre rencontre, un agent du gouvernement nous attendait dans le hall de notre hôtel. Puis, un policier en civil a menacé de saisir notre matériel de tournage.
L’Internet est peut-être libre en Azerbaïdjan, et on peut certes s’y exprimer, mais les barbouzeries dont ont été victimes nombre de journalistes, blogueurs et défenseurs des droits de l’homme m’ont poussé à m’auto-censurer, momentanément, et à attendre d’être de retour en France pour pouvoir en parler, et publier sa lettre en français. Il était hors de question que je risque de voir saisies les nombreuses interviews j’ai pu faire à Bakou.
Cher Président,
en tant que citoyen et ancien prisonnier de conscience, je suis ravi de voir que l’Azerbaïdjan accueille le Forum de la gouvernance de l’Internet ces jours-ci. La liberté d’expression étant l’un des enjeux majeurs de ce forum, je me permets de profiter de cette opportunité pour m’adresser à vous.
Vous avez un jour déclaré dans un discours que l’Internet est libre en Azerbaïdjan. Je suis sûr que vous le répéterez lors de ce forum sur la gouvernance de l’Internet. Les gens peuvent, de fait, librement se connecter à l’Internet en Azerbaïdjan, mais ils peuvent également être sévèrement punis pour l’avoir fait. Plusieurs rapports indiquent que le gouvernement surveille en effet toutes nos communications Internet, sans mandat judiciaire, et sans que les citoyens, non plus que leurs fournisseurs d’accès, n’en soient tenus informés. Ce pour quoi nombreux sont les citoyens qui n’osent pas s’exprimer, en ligne ou hors ligne. Vous avez réussi à faire qu’ils se taisent.
Les gens vivent dans la peur en Azerbaïdjan. (...)