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l’Obs
L’Education nationale « méprise les libertés syndicales », dénonce un collectif de 130 personnes
#educationnationale #kaiTerada #libertessyndicales
Article mis en ligne le 8 octobre 2022

Le 25 août dernier, Pap Ndiaye annonçait « une rentrée convenable » mais « pas optimale ». Par cet euphémisme, le ministre de l’Education nationale reconnaît à demi-mot ce que tout le monde sait depuis longtemps : l’Ecole publique est en crise. Si le constat n’a rien de surprenant, la formule a de quoi faire réagir dans la bouche d’un ministre, tant elle semble traduire la banalisation d’un certain désenchantement vis-à-vis de l’Ecole.

Maltraitée pendant cinq ans par Jean-Michel Blanquer, la communauté éducative a assisté à la casse du service public de l’éducation. Désenchantés et las de s’entendre dire que les solutions et les moyens manquaient, les personnels de l’éducation se sont rendu compte que l’administration n’hésitait pas à redoubler d’imagination et à dépenser sans compter pour les faire taire et les transformer en simples exécutants de politiques délétères.

A Carcassonne, Strasbourg, Cahors et Clermont-Ferrand, ils ont constaté que des représentants syndicaux départementaux et académiques pouvaient être traduits en justice pour avoir exercé leur mandat syndical. A Dôle, Bordeaux, Amiens, Rennes, Romorantin et Melle, ils ont réalisé qu’il était possible de suspendre des enseignants jusqu’à huit mois pour avoir fait valoir leur droit de grève et de les sanctionner contre l’avis même des instances disciplinaires. A Bobigny, Reims et Saint-Denis, ils ont appris que, grâce à la loi de transformation de la fonction publique, l’administration était en mesure de se débarrasser de personnels mobilisés en usant de « mutations dans l’intérêt du service », sans avoir à se justifier ni mettre en place de procédures contradictoires. A Montargis, ils ont découvert qu’on pouvait faire les frais d’une procédure disciplinaire pour une action à l’encontre d’un ministre qui n’est même plus en exercice. (...)

épitaphe des années Blanquer : « Sois prof et tais-toi ! ».

Sidérés, ils ont réalisé la veille de cette rentrée que rien n’avait changé. Ce même jour, Kai Terada – enseignant au lycée Joliot-Curie de Nanterre et cosecrétaire de Sud Education 92 – apprenait qu’il était suspendu quatre mois sans qu’aucun motif ne lui soit explicité. Le jeudi 22 septembre, il est reçu par le rectorat de l’Académie de Versailles qui lui notifie une « mutation dans l’intérêt du service » dans un autre département. Il lui est précisé qu’il n’a commis aucune faute professionnelle et que cette mesure a pour seul but de ramener la « sérénité » au sein de son établissement. Ces dernières années, Kai a été de toutes les luttes, pour la sauvegarde de l’éducation prioritaire, pour la défense d’un bac national et égalitaire, contre les suppressions de postes et la baisse des moyens. En à peine deux semaines, l’administration a usé de toutes les prérogatives arbitraires qu’elle a à sa disposition pour se débarrasser d’une des figures du syndicalisme en Île-de-France. (...)

Il n’est qu’un remède au désenchantement hérité des années Blanquer : que la page en soit définitivement tournée. Le ministre Pap Ndiaye a aujourd’hui le pouvoir de rompre avec ces pratiques répressives, en prononçant la réintégration immédiate de Kai Terada.