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« L’Aquarius » à quai, avant de repartir sauver des vies
Article mis en ligne le 28 juillet 2018

« Par moments, on se demande ce que l’on fait là. Ce n’est pas ici qu’on sauve des vies », lâche Clément, 26 ans, marin sur l’Aquarius. Le navire de SOS Méditerranée est en effet à quai dans le port de Marseille depuis le 29 juin, Malte ayant refusé de le laisser accoster pour une escale technique.

En ce lundi matin, une certaine effervescence règne ainsi sur l’Aquarius, d’autant qu’une dizaine de bénévoles de SOS Méditerranée a profité de son escale dans la cité phocéenne pour venir le découvrir.

Clément se fait volontiers leur guide. Au fur et à mesure que le petit groupe chemine sur le navire, celui-ci explique la manière dont se déroulent les opérations. La technique de sauvetage consistant à faire arriver en même temps deux canots- le troisième étant réservé aux situations critiques - à proximité de l’embarcation en détresse. « Nous y allons uniquement avec des gilets de sauvetage, qui sont l’équipement que nous utilisons le plus », indique le marin.(...)

« Nous savons d’expérience que, lorsque nous approchons, nous créons une panique, qu’il faut donc calmer », poursuit-il. Pour ce faire, l’équipage procède à un rituel bien rôdé : « Sur l’un des bateaux, qui s’avance un peu plus que le second, se trouve le médiateur culturel. Debout sur une plate-forme, les autres étant un peu en retrait, il s’adresse aux naufragés. » Une étape cruciale dans la mesure où, souligne Clément, « la clé du sauvetage » réside dans « la capacité à apaiser les gens ». Une fois que c’est le cas, peut commencer la distribution des gilets de sauvetage et les allers-retours vers l’Aquarius. « Ce qui, en moyenne, quand tout se passe bien, dure une heure et demie. Mais parfois beaucoup plus. »(...)

Des kits, comprenant vêtements, serviette, couverture, leur sont distribués. « Ils contiennent aussi un peu d’eau et de nourriture mais, en général, une fois sur le bateau, les personnes commencent par dormir beaucoup », précise Clément.

Plus de quinze nationalités
L’Aquarius dispose en outre d’une salle nommée « clinique » destinée aux consultations et aux accouchements. On y trouve des lits « pour les gens qui ont vraiment besoin de se reposer et ceux qui sont sous perfusion ».

« La blessure la plus courante, commente le marin, est la brûlure au fuel [les naufragés ont fréquemment stagné dans un mélange d’eau et d’essence extrêmement abrasif, ndlr]. Il y a parfois des bras et des jambes cassés. Plus rarement, certaines personnes sont blessées par balles. On les garde sous surveillance, mais on ne pratique pas de chirurgie. »(...)

« Un accouchement, c’est une joie. Pendant des heures on ignore comment ça va se passer. Mais quand on entend le bébé crier, que la mère sourit et dit merci... tu oublies toute ta fatigue. »

Interrogé sur le nombre de nationalités à bord, Clément avance le chiffre d’une quinzaine, « au moins ». Ajoutant que « tout se passe très bien entre les différentes équipes ». Car « vivre un sauvetage, ça resserre les liens ».